Rubis

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Le rubis est la variété rouge du corindon. Il fait partie des quatre pierres dites précieuses, avec le saphir, l’émeraude et le diamant. L’intensité flamboyante de son rouge, sa vivacité exceptionnelle et sa rareté concourent à en faire l’une des gemmes les plus convoitées, d’où l’appellation courante de « reine des pierres précieuses ».

 

  • Groupe : corindon
  • Composition chimique : oxyde d’aluminium
  • Couleur : rose rouge à rouge profond
  • Dureté : 9 (échelle de Mohs)
  • Provenances réputées : Birmanie, Mozambique, Ceylan (Sri Lanka), Thaïlande

Étymologie, mythes et légendes

Sa dénomination actuelle vient du latin ruber qui signifie « rouge » en latin.

Le rubis est connu et évoqué dans des écrits grecs datant de 315 avant notre ère. Dans la Rome antique, il ne porte pas de nom propre et est regroupé avec d’autres pierres rouges, comme le grenat, sous le nom générique carbunculus, en référence à la couleur rouge de la braise.

Pline l’Ancien (23-79 ap. J.-C.), dans son ouvrage à vocation encyclopédique intitulé Histoire Naturelle, fait déjà référence au rubis. Il y souligne la force et la brillance de la gemme, dont certains spécimens ont la clarté et la pureté de la flamme.

Il semble que le sous-continent indien ait très tôt pris conscience que le rubis et le saphir (sous ses différentes couleurs) étaient des variétés du même minéral. La démonstration scientifique en est faite à la toute fin du XVIIIe siècle. Pour autant, le rubis restera encore longtemps confondu avec le grenat et surtout le spinelle (souvent sous le nom de « rubis balai »).

Il existe de très nombreuses légendes sur le rubis. L’une d’elles, qui prend place en Birmanie aux temps immémoriaux, raconte qu’un jour, l’aigle le plus grand et le plus ancien de la Création a survolé une vallée. Sur une colline brillait un énorme morceau de viande fraîche, de couleur rouge sang. L’aigle a tenté de le ramasser, mais ses griffes ne pouvaient pas s’en saisir. Après plusieurs tentatives, il comprit enfin : ce n’était pas un morceau de viande, mais une pierre sacrée et sans égal, faite à partir du feu et du sang de la terre elle-même. La pierre était le premier rubis sur Terre et la vallée était Mogok, la légendaire Vallée des rubis.

Formation de la pierre

Le rubis est allochromatique comme tout corindon : pur, il est incolore, mais cette forme native est peu répandue. Il doit sa couleur à la présence de chrome à l’état de traces.

La complexité de l’environnement et des éléments donnant naissance au rubis justifient de sa rareté tant en quantité qu’en poids. Un rubis dépassant 3 carats est une pierre rare. Sa valeur s’accroît considérablement au-delà de ce poids. Les rubis de belle qualité de plus de 20 carats peuvent être considérés comme des spécimens exceptionnels.

Le rubis cristallise sous la forme d’une structure bipyramidale à 6 pans, souvent ramassée.

Origines

L’origine d’une pierre ne garantit pas la qualité de la gemme, bien qu’elle soit un critère reconnu de valeur.

Les indications de couleur par origine reposent sur des appréciations de professionnels et des constatations émises à partir de l’observation d’une majorité de pierres de belle qualité de cette provenance.

Il est d’usage d’indiquer sur les certificats gemmologiques les provenances par pays. Les gisements n’y figurent que rarement.

Les rubis de Birmanie

Pendant plus de 800 ans, les rubis de Birmanie ont eu la réputation d’être les plus beaux du monde. Les gisements les plus connus sont ceux de la région de Mogok, territoire montagneux au nord de la Birmanie. Leur particularité provient de la richesse de leur couleur, du rose au rouge très intense, et du rouge très franc des feux qu’ils émettent, semblable à la vision de la braise par transparence.

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On observe souvent dans les rubis de Birmanie des inclusions diverses, principalement cristallines, telle que la calcite, et parfois une certaine irrégularité dans la distribution de la couleur. Les aiguilles de rutiles, appelées « soies » et disposées en construction géométrique, apportent, quand elles sont légères, du velouté à la pierre. Les rubis de Birmanie peuvent présenter des givres plus ou moins marqués.

Considérée comme l’un des acteurs majeurs du secteur du luxe, la Maison s’engage à garantir l’approvisionnement responsable des pierres magnifiées au sein de ses créations. De ce fait, d’octobre 2007 à janvier 2017, Cartier ne s’est pas approvisionné en rubis de Birmanie. Depuis décembre 2017, la Maison ne s’approvisionne plus en aucune pierre provenant de Birmanie.

Autres rubis d’Asie : Thaïlande (Siam), Vietnam, Ceylan (Sri Lanka), Afghanistan, Tadjikistan, Pakistan

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Assez proches en couleur des rubis de Birmanie, les rubis du Vietnam sont apparus dans les années 1970, mais avec une production assez vite limitée.

La Thaïlande a fourni, sous l’appellation rubis de Siam, des pierres plutôt foncées, bien cristallisées et au fort éclat, notamment durant les années 70 à 2000.

Le rubis de Ceylan se caractérise par une couleur fraîche que l’on peut rapprocher de la couleur de la cerise. Les gemmes de belle qualité sont très peu nombreuses.

Gisements historiques, les rubis d’Afghanistan, du Pakistan et du Tadjikistan ne produisent que très peu de pierres de belle qualité.

Les rubis d’Afrique

Aux gisements asiatiques, longtemps seuls pourvoyeurs des plus beaux rubis de la planète, s’ajoutent depuis quelques décennies de très belles pierres extraites en quantité du continent africain. C’est le long de la côte est de l’Afrique que se situent ces nouveaux gisements : en Tanzanie, au Kenya, à Madagascar et, depuis peu, au Mozambique. Ils fournissent, en quantité plus ou moins importante suivant les gisements, des rubis dont les qualités les plus belles sont très recherchées et de grande valeur. La mine de Winza, en Tanzanie, fournit des rubis de très belle qualité mais en quantité très limitée.

Les rubis d’Afrique ont pour caractéristique une couleur secondaire rouge orangée qui nourrit les feux des gemmes et s’additionne au rouge bleuté assez prononcé de leur couleur principale.

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Les rubis du Mozambique

La découverte de gisements de rubis au Mozambique en 2009 et leurs exploitations constitue de nos jours la source la plus importante de rubis de qualité gemme avec les rubis birmans.

Caractéristiques des gemmes de l’est de l’Afrique, les rubis du Mozambique développent des couleurs tirant à fois vers le bleu (fond violine) et le jaune (feux rouge orangé). Les pierres sont souvent assez plates.

Tailles et formes

Les constantes physiques élevées du rubis, la plus dure des gemmes naturelles (avec le saphir) après le diamant, permettent de tailler la gemme dans les tailles et dans les formes les plus diverses.

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La majorité des rubis taillés en cabochon sont de forme ovale, occasionnellement de taille pans russes, même si on peut également les trouver sous d’autres formes (poires, gouttes…). Le rond et le rectangle à pans coupés (dit « taille émeraude ») sont des tailles rares au-dessus du carat et difficiles à trouver.

Les rubis étoilés sont appréciés pour l’étoile à 6 branches produite par le chatoiement des aiguilles de rutile présentes dans leur matière. Un rubis étoilé d’un beau rouge transparent, dont l’étoile est bien visible et centrée, est une pierre rare et très appréciée. Les pierres étoilées ont un fond dépoli qui accentue l’astérisme.

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Les rubis sang de pigeon

Cette terminologie fait référence à des classifications mises en place à l’origine par les Birmans dans la vallée de Mogok, à partir de la couleur du sang de divers animaux. Elle est sans fondement scientifique et désigne des rubis dont la qualité de la couleur est au summum, c’est-à-dire ni clair ni foncé, sans aucune sous-teinte, et associe une belle cristallisation. Ces pierres sont excessivement rares.

La récupération de ce terme par de nombreux laboratoires invite à la prudence. Il n’existe pas de critères purement rationnels permettant de considérer un rubis comme sang de pigeon et le terme apposé sur les certificats ne doit être considéré que comme une appréciation du laboratoire qui le délivre.

Conseils d'entretien

Bien que très dur, le rubis est sensible au choc, qui peut provoquer des égrisures voire une casse. Comme toute matière précieuse montée sur un bijou, le rubis doit être manipulé avec soin.

Le rubis ne doit pas être exposé aux ultrasons.

Cartier et le rubis

D’hier à aujourd’hui, le rubis a occupé une place essentielle dans le parcours stylistique de Cartier. S’il joue d’abord un rôle plutôt ponctuel, il est mis à l’honneur à partir des années 1920, notamment dans des parures d’inspiration indienne.

Parce qu’il démontre leur fortune et illustre leur puissance, le rubis est très apprécié des maharajahs. Ces derniers rivalisent par la richesse de leurs collections, chacun conservant dans ses trésors des myriades de gemmes. Les plus rares et convoitées, celles qui distinguent les plus éminents monarques, sont originaires de Birmanie. Pour les mettre en valeur, plusieurs font appel à Cartier. Dans les années 1930, Jam Sahib Digvijaysinhji, maharajah de Nawanagar, confie ainsi au joaillier pas moins de 119 rubis birmans. À partir de cet ensemble d’exception, la Maison réalise un collier d’une modernité évidente, dont le dessin structuré de diamants taille baguette témoigne du goût de l’époque pour la géométrie.

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À la même période, Cartier se voit passer une autre commande tout aussi spectaculaire du maharajah de Patiala : un arrangement de trois colliers destiné à l’une de ses épouses, la maharani Bakhtawar Kaur Sahiba. Inspiré de la joaillerie indienne traditionnelle, le dessin fait le pont entre Orient et Occident en introduisant des éléments Art déco. De plus, il offre un contre-pied féminin aux parures cérémonielles des maharajahs.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, en parallèle du registre naturaliste qui fait son grand retour, Cartier affranchit le rubis des ensembles d’apparat au profit de bijoux aux lignes délicates et raffinées. Arabesques, volutes, dessins classiques dans l’esprit mais volumes fluides… La joaillerie participe à l’allure des élégantes. On compte parmi elles lady Deterding, qui commande en 1951 une parure de rubis ornée de motifs palmettes ; Elizabeth Taylor qui se voit offrir en 1957 par Michael Todd un collier, une paire de pendants d’oreilles et un bracelet, sertis de rubis et décorés de guirlandes de diamants ; la princesse Grace de Monaco, parée sur son portrait officiel de trois clips en rubis et diamants portés en diadème. Arrangé en grappes de fines boules sur des montures en or jaune, le rubis rehausse aussi à la même période bagues et bracelets au faste plus accessible.

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Inspiration des parures d’apparat indiennes et joaillerie sensuellement féminine se croisent dans la création contemporaine pour des pièces d’exception, à l’instar du collier Reine Makeda. Présenté en 2014 à l’occasion de la Biennale des Antiquaires de Paris, le dessin déploie en cascade une impressionnante rivière de diamants ornée en amont d’un rubis du Mozambique de 15,29 carats.

Gemme reine par excellence, le rubis est aussi majestueusement mis en valeur en pierre de centre. On pense ici notamment aux bagues baptisées Pourpre et Fleur de lotus, qui subliment respectivement de très rares spécimens de 10,17 et 8,38 carats, tous deux originaires de la légendaire mine de Mogok, en Birmanie. Pureté des lignes, discrets jeux de géométrie, effets d’éclat… Ce « rien de trop » dit l’essentiel : la splendeur du rubis.

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