
Parmi les nombreuses créations réalisées par Cartier pour le maharajah de Patiala, le collier de platine, rubis, diamants et perles fines, achevé en 1931 et destiné à l’une des épouses du souverain indien, fait partie des pièces sauvées de l’oubli par les ateliers du joaillier.
Dans les années 1920, Sir Bhupindra Singh, maharajah de Patiala (1891-1938), apporte chez Cartier des milliers de pierres précieuses à partir desquelles il souhaite la création de joyaux d’exception, à la fois bijoux traditionnels et bijoux d’inspiration Art déco, sertis et montés à l’occidental. Si, entre 1925 et 1928, le joaillier réalise à partir de ce trésor indien le célèbre collier d’apparat du maharajah, les dessinateurs de la Maison conçoivent également, en 1931, une parure destinée à l’une de ses épouses, Bakhtawar Kaur Sahiba (1892-1960). Composé d’un tour de cou en cabochons de rubis, perles fines et diamants, d’un collier central de cinq rangs de rubis et de perles alternés et d’un grand collier plastron, le bijou marie avec excellence savoir-faire et modernité. Le caractère très spectaculaire de ce collier en fait un pendant féminin des ornements de torse qu’arborent alors les maharajahs en signe de puissance et de richesse.


Malheureusement, le collier de la maharani connaît le même sort que celui du maharajah : celui-ci disparaît alors que l’Inde clame son Indépendance.
En 2000, lors d’une vente aux enchères, est proposé un bracelet de perles fines et rubis dont certains éléments font penser aux experts qu’il s’agit d’une création Cartier. Mais la Maison n’en a trace. Vendu, le bracelet ne réapparaît sur le marché que quelques années plus tard. Cette fois-ci, le joaillier pense reconnaître une partie du tour de cou de la maharani. C’est une photographie autochrome de la parure, conservée dans les archives de la Maison, qui permet enfin l’authentification. Cartier s’attache dès lors à reproduire le tour de cou en puisant dans son stock de pierres anciennes. En 2012, après de longs mois de travail, une reconstitution très fidèle au collier d’origine est présentée à la Biennale des Antiquaires de Paris. Il est ensuite exposé dans de prestigieuses institutions culturelles : en 2013-2014 au Grand Palais à Paris, à l’occasion de l’exposition « Cartier. Le Style et l’Histoire » ; de fin 2014 à début 2015 au Metropolitan Museum of Art de New York ; enfin, entre novembre 2015 et mars 2016 au Victoria and Albert Museum à Londres.
