
Petit-fils du fondateur, Pierre Cartier (1878-1964) joue un rôle important dans les débuts commerciaux de la boutique Cartier qui ouvre ses portes rue de la Paix en 1899. Il supervise en 1902 l’ouverture de la filiale londonienne dont il assure la codirection avec son frère Jacques (1884-1941), jusqu’en 1906. Fort de son succès, il part à New York en 1909 pour écrire un nouveau chapitre de l’histoire de la Maison. Il dirige la filiale américaine jusqu’en 1947.
Cartier Paris, Londres et la Russie
Pierre est impliqué dans les affaires familiales dès l’ouverture de la boutique de la rue de la Paix en 1899. Il assiste alors son père Alfred (1841-1925) et son frère Louis (1875-1942) dans les ventes. Son nom est notamment associé aux achats des clientèles américaine et russe qui fréquentent les salons de la boutique parisienne.

Il démontre rapidement des talents d’entrepreneur et un sens aigu des affaires. C’est ainsi qu’il assure l’ouverture de la première filiale du joaillier parisien, à Londres en 1902. La boutique londonienne, qu’il codirige avec son frère Jacques (1884-1941) jusqu’en 1906, ouvre ses portes au 4 New Burlington Street.
Missionné pour coordonner le travail entre les ateliers russes et la Maison Cartier sur la production de créations en pierres dures et d’accessoires émaillés, Pierre voyage en Russie en 1904 et 1905.
Cartier New York
Il est difficile de dire avec précision quand Pierre Cartier s’est rendu pour la première fois aux États-Unis, mais le fait qu’il laisse à son frère Jacques la direction de la filiale londonienne dès 1906 sous-entend qu’il était sans doute déjà question d’un développement outre-Atlantique.
Sous sa direction, la filiale américaine ouvre officiellement ses portes à New York en juillet 1909, au quatrième étage du 712 Fifth Avenue. Assisté du vendeur Jules Glaenzer, Pierre fait rapidement parler de la Maison et réussit un coup de maître avec la vente du diamant Hope à la très médiatique Evalyn Walsh McLean.

En 1917, Pierre Cartier jette son dévolu sur un hôtel particulier à l’angle de la Cinquième avenue et de la 52e rue. Négociateur hors pair, il obtient la propriété en échange d’un double rang de 55 et 73 perles fines d’une valeur d’un million de dollars, que l’épouse du propriétaire, Morton Plant, souhaite à tout prix. Après une courte période de rénovation, la nouvelle boutique ouvre ses portes au 653 Fifth Avenue en octobre 1917.
Vie politique et personnalité
Pierre est nommé chevalier de l’ordre national de la Légion d’honneur en 1921. À New York, conscient qu’il défend les intérêts d’une Maison française sur un lointain continent, il endosse rapidement un véritable rôle politique de représentation française à l’étranger.
Vice-président de l’Alliance Française à New York, président de la Chambre française de Commerce de 1935 à 1945, président du Comité franco-américain pour l’exposition de 1937, tels seront ses titres pour n’en citer que quelques-uns. Ce rôle politique est d’une importance primordiale et lui permet notamment d’assurer à Cartier une visibilité importante lors de l’Exposition universelle qui se déroule à New York en 1939.
Aux États-Unis, Pierre et son épouse Elma multiplient les représentations officielles et fréquentent même la Maison Blanche. Il aura d’ailleurs pour habitude d’envoyer chaque année un cadeau de Noël au président Franklin Delano Roosevelt (1882-1945). En décembre 1943, il lui offre une pendule de table permettant de lire l’heure sur cinq fuseaux horaires différents et dont le socle est gravé de l’inscription suivante : « L’heure de la victoire dans le monde. Hommage à son artisan, le Président des Etats-Unis, Franklin D. Roosevelt ».
Il adopte rapidement le rythme de vie de la clientèle américaine dont les déplacements sont fréquents. Il sera ainsi au bon endroit au bon moment… Il fréquente la Floride en hiver et passe la plupart de ses étés en France.
Vie familiale et privée

Pierre est le petit-fils du fondateur, Louis-François Cartier (1819-1904) et second fils d’Alfred Cartier (1841-1925) et d’Alice Griffeuille (1853-1914). Il a pour frère aîné Louis-Joseph Cartier (1875-1942) et frère cadet Jacques-Théodule Cartier (1884-1941), ainsi qu’une sœur, Suzanne Cartier (1885-1960).
Il épouse en 1908 une américaine de Saint Louis, Elma Rumsey (1878-1959). Ils auront une fille, Marion, qui prend la direction de Cartier Paris après la Seconde Guerre mondiale et y restera jusqu’à sa vente en 1966. Pierre a cinq petites filles : Violaine, Dominique, Marie-Pierre, Marie et Michèle.
Il laisse en 1947 la direction de la filiale américaine au fils de Louis, Claude Cartier. Il se retire alors en Suisse, sur les berges du Lac Léman, dans la villa Elma où il réside jusqu’à sa mort en 1964.
