
Esthétique joaillière d’inspiration néo-classique indissociable de Cartier, le style guirlande s’étend principalement sur une période allant de 1899 jusqu’au milieu des années 1910. Il contribua à établir la notoriété de la Maison de par le monde.

Au tournant du XXe siècle, la plupart des joailliers s’inscrivent dans le courant de l’Art nouveau. Louis Cartier (1875-1942) fait pour sa part le choix audacieux d’introduire son propre langage joaillier, inspiré du vocabulaire néo-classique. Il promeut ainsi un style unique, dit Belle Époque et baptisé a posteriori « guirlande ».
La naissance de cette esthétique correspond à l’installation de la Maison en 1899 au 13, rue de Paix. Cartier cesse ainsi son activité de revendeur pour devenir lui-même créateur. Le joaillier impose sa propre identité créative, d’abord incarnée par le style guirlande jusque vers 1914 dans la production destinée au stock – et même au-delà via les commandes.
Sous l’impulsion de Louis, les créateurs s’inspirent des arts décoratifs français du XVIIIe siècle, de l’architecture à la ferronnerie en passant par la passementerie et la dentellerie. Le répertoire ornemental néo-classique se confond avec celui de Cartier : branches de laurier, paniers de fleurs, nœuds, arabesques végétales ou volutes entrecroisées offrent autant de motifs stylisés pour des bijoux d’un grand raffinement.
Cartier crée dans ce style une joaillerie solennelle, voire cérémonielle, adaptée à la mode vestimentaire de l’époque. La silhouette imaginée par Worth prévaut : les robes sont imposantes, les corsets prédominent encore, les étoffes sont riches en volumes et décorations florales. Les femmes arborent sur leurs toilettes des broches ou des devants de corsage recouvrant largement le buste. Elles préfèrent les colliers à porter au ras du cou aux pendentifs et sautoirs, en vogue plus tard dans les années 1910 et 1920. Les dames les plus élégantes se parent aussi de majestueux diadèmes.

D’une finesse incomparable, la plupart de ces pièces exploitent de manière pionnière toutes les possibilités offertes par le platine – un métal précieux jusque-là peu employé en joaillerie et généralisé par Cartier au tournant du XXe siècle. Davantage solide que l’or et inoxydable à l’inverse de l’argent, il permet de façonner des montures plus légères, aux sertissures discrètes. Les diamants resplendissent ainsi comme jamais sous les feux de la nouvelle lumière électrique.
Par son inspiration classique et son innovation artisanale, le style guirlande séduit une clientèle aussi illustre que réputée pour son goût. On y compte nombre d’aristocrates et de membres de royautés de toute l’Europe, à l’instar notamment de la reine des Belges, de la princesse Marie Bonaparte et de la comtesse d’Essex. Il assure aussi à Cartier une clientèle nouvelle, composée de grandes fortunes américaines, telles les Vanderbilt. Le succès du style guirlande inaugure ainsi le rayonnement international de la Maison.

