
Née duchesse en Bavière, Élisabeth s’unit le 2 octobre 1900 à l’héritier du trône de Belgique. Quand son époux accède aux responsabilités en 1909, elle possède déjà un grand nombre de joyaux, mais la multiplication des visites d’État et des voyages officiels l’incite à faire l’acquisition d’un bandeau et d’un diadème chez Cartier en juillet 1912. L’un d’eux a intégré la collection des pièces anciennes de la Maison en 1987.
La jeunesse d’une future reine
Nièce de François-Joseph, empereur d’Autriche, et de la célèbre Sissi, dont elle est la filleule, Élisabeth voit le jour le 25 juillet 1876 à Possenhofen, en Bavière, sur les bords du lac de Starnberg. Elle est la fille de Marie-Josèphe de Bragance, infante de Portugal (1857-1943), et du duc Charles-Théodore en Bavière (1839-1909). Lors des funérailles de sa tante, la duchesse d’Alençon, décédée dans l’incendie du Bazar de la Charité à Paris en 1897, la jeune fille fait la connaissance du prince Albert de Belgique, qu’elle épouse à Munich trois années plus tard. Si le mariage semble avoir été souhaité par les deux familles, les promis échangent des lettres enflammées annonciatrices d’une belle complicité. Élisabeth s’installe alors à Bruxelles et se consacre à sa patrie d’adoption, remplissant le rôle qui lui a été assigné à la cour de son beau-père, le roi Léopold II.
Le couple aura trois enfants : le prince Léopold (né en 1901), le prince Charles (né en 1903) et la princesse Marie-José (née en 1906).

Une collection royale
Devenue reine en 1909, Élisabeth contribue au lustre de la cour notamment grâce à son goût pour la mode et la joaillerie de l’époque.

Si le bandeau n’est porté qu’une seule fois, à l’occasion de la visite des souverains italiens en 1919, le diadème a, quant à lui, les honneurs des réceptions officielles jusqu’en 1960. Le couple royal honore Cartier en 1919 d’un brevet de fournisseur officiel.

Une femme d’engagements et de culture
Au déclenchement de la Première Guerre mondiale, Élisabeth choisit son camp sans équivoque. Non seulement elle refuse de s’exiler, mais elle décide de faire face aux Allemands aux côtés de son époux, incarnant ainsi la résistance à l’ennemi dans la réalité mais également dans l’imagerie populaire, et ce pendant de nombreuses années. S’impliquant dans la création d’hôpitaux, elle véhicule le mythe de la reine infirmière. Au terme du conflit, le couple, auréolé de gloire, est célébré dans le monde entier.

Femme aux multiples passions, la souveraine cultive un engouement pour la musique – elle est d’ailleurs à l’origine, avec le violoniste belge Eugène Ysaÿe, du concours musical de renommée internationale qui porte son nom – et montre un intérêt soutenu pour la médecine, les avancées scientifiques, l’archéologie et l’histoire en général.
Elle est ainsi la première personnalité à se rendre en Égypte pour découvrir la tombe de Toutankhamon qui vient d’être mise au jour en novembre 1922. Rentrée en Belgique, elle soutient la création d’une fondation d’égyptologie qui existe toujours – aujourd’hui connue sous le nom d’Association égyptologique Reine Élisabeth.
Figure atypique pour l’époque, elle sculpte et peint, patine, skie, escalade ou nage dans les étangs du parc du palais royal de Laeken, quand elle ne prend pas des cours de pilotage d’avion. Elle compte notamment parmi ses connaissances l’aviatrice Amelia Earhart, le médecin Albert Schweitzer, le scientifique Albert Einstein, la princesse Marie Bonaparte, l’artiste Jean Cocteau et le musicien Yehudi Menuhin.
Veuve depuis 1934, elle ne fuit pas devant l’envahisseur durant la Seconde Guerre mondiale et parvient à sauver des enfants et des familles juives. À ce titre, elle reçoit le titre de Juste parmi les nations le 18 mai 1965.
Plus âgée, elle brave le monde politique belge en se rendant en Chine, en Pologne et en Russie en pleine guerre froide, un dernier pied de nez de cette reine plutôt anticonformiste qui lui vaut le surnom de « reine rouge ».
La reine Élisabeth s’éteint le 23 novembre 1965.
