Marie de Roumanie

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Petite-fille de la reine Victoria et du tsar Alexandre II, Marie (1875-1938) épouse en 1893 Ferdinand de Roumanie. Souveraine appréciée, notamment pour le sens patriote dont elle fait preuve durant la Première Guerre mondiale, elle laisse à la postérité l’image d’une grande dame. Figure engagée, philanthrope, écrivaine mais aussi esthète, elle était notamment grande collectionneuse de bijoux d’exception. Elle possédait entre autres un illustre saphir de plus de 478 carats monté en pendentif par Cartier.

Petite-fille de l’Europe

Marie, princesse de Saxe-Cobourg-Gotha, voit le jour le 29 octobre 1875. Par les jeux d’alliance entre les grandes maisons royales, elle est la descendante de deux des souverains les plus puissants de l’époque. Son père, Alfred d’Édimbourg, est en effet le fils de la reine Victoria– monarque britannique et impératrice des Indes – alors que sa mère, la grande duchesse Marie Alexandrovna, est la fille du tsar Alexandre II de Russie.

Le père de Marie étant officier de la marine britannique, la famille vit au gré de ses affectations. À la mort de son oncle en 1893, le prince Alfred devient duc régnant de Saxe-Cobourg-Gotha. La famille s’installe alors à Rosenau (aujourd’hui en Bavière).

Reine de Roumanie

Marie épouse en 1893 le prince Ferdinand, neveu du roi Carol Ier et héritier du royaume de Roumanie. De cette union naîtront six enfants.

En octobre 1914, le roi Carol Ier s’éteint. Le prince Ferdinand lui succède. Le pays étant alors en pleine guerre, le couronnement est repoussé à des temps plus propices. Ce qui n’empêche pas certains grands du royaume et autres aristocrates de passer commande de parures d’exception en prévision de l’événement. C’est probablement dans cet esprit qu’un intime de la reine Marie se rapproche de Cartier afin d’acquérir un diadème. Ce dernier est d’une facture inédite pour l’époque : sa partie centrale est recouverte d’acier noirci et ornée de diamants de forme poire entourés de rubis calibrés dans un audacieux contraste de couleurs.

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Les années de guerre

À peine monté sur le trône de Roumanie, le roi Ferdinand doit faire face à la pire crise de son règne : le pays est entraîné dans la Première Guerre mondiale et il doit le conduire au combat. Tout au long du conflit, la reine Marie soutient avec dévouement sa nouvelle patrie. Elle s’engage comme infirmière afin d’assister les blessés et rédige un ouvrage, dont les bénéfices sont destinés à la Croix-Rouge. Sa contribution à l’effort de guerre se concrétise aussi sur la scène internationale : la reine représente ainsi la Roumanie lors de la signature du Traité de Versailles, qui met un terme à la Première Guerre mondiale. .

Cartier, joaillier officiel

Les années sombres s’éloignant, le couple royal peut profiter de la paix retrouvée.

En 1921, Ferdinand offre à Marie un impressionnant saphir de Ceylan de plus de 478 carats, monté en pendentif par Cartier. Le joyau est l’une des pierres les plus célèbres de l’époque. Son poids, qui en faisait le plus imposant saphir alors connu, contribuait à sa renommée.

La reine Marie avait une affection particulière pour ce saphir. En témoigne le nombre important de ses photographies et portraits sur lesquels on le reconnaît. À l’exemple du tableau exécuté en 1924 par Philip Alexius de László, ici illustré.

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La même année que l’acquisition du saphir, soit en 1921, la reine Marie se procure également auprès de Cartier un bandeau en perles fines et diamants d’une finesse remarquable. Elle possédait aussi un diadème de la Maison d’inspiration kokochnik orné d’imposants saphirs, celui-ci ayant précédemment appartenu à sa cousine Maria Pavlovna, épouse du grand-duc Vladimir Alexandrovitch.

La relation privilégiée établie entre la reine et Cartier est consacrée en 1928 par l’attribution d’un brevet de joaillier officiel.

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Mémoires d’une vie

Après la mort de son mari en 1927, Marie demeure en Roumanie et rédige ses mémoires, intitulées Histoire de ma vie. Un ouvrage salué par la critique.

Elle meurt le 18 juillet 1938 et est inhumée auprès de son mari au monastère de Curtea de Argeș.