
Les apprêts regroupent des matières déjà travaillées – taillées ou gravées par exemple –, réemployées par Cartier pour de nouvelles créations. Y sont notamment inclus des objets anciens et fragments d’antiquité.
Esthète à la curiosité universelle et collectionneur avisé, Louis Cartier (1875-1942) fréquente assidûment les antiquaires auprès desquels il déniche des merveilles. Objets archéologiques et pièces d’art anciennes des civilisations égyptiennes, persanes, indiennes, chinoises ou japonaises rejoignent le stock dit « des apprêts », mis à disposition des dessinateurs afin de renaître sous leur inspiration en des créations contemporaines. Miniatures, ornements de laque, corail et jade gravés de motifs traditionnels ou animaliers sont ainsi souvent placés sur le couvercle d’un accessoire (étui à cigarettes, poudrier, nécessaire, flacon, etc.), retranscrivant avec justesse les codes esthétiques de la culture qui les a vus naître.


La joaillerie n’est pas en reste : en 1928, Cartier réalisait sur commande un collier de style indien en émail et perles orné en pendentif d’une plaque décorée de fleurs en rubis et de feuilles d’émeraude représentant, d’après des documents d’archives, « les armes du Grand Moghol ».
D’autres fois, l’objet d’origine sert de base à des pièces plus complexes, à l’instar de la pendule mystérieuse de 1931 ornée d’une statuette chinoise en jade blanc sculpté qui représenterait la déesse Guanyin.


Cartier emploie toujours aujourd’hui des antiquités pour des créations uniques au pouvoir dépaysant. En 2015 par exemple, une plaque moghole sertie de rubis et d’émeraudes, selon la méthode décorative indienne du kundan, était transformée en broche. L’année suivante, la Maison ornait de huit rubis une boîte en calcédoine finement gravée datant de l’époque Qianlong, intensifiant ainsi son parfum d’Asie.

