
Pierre historique importée de Colombie jusqu’en Inde au XVIIe siècle, puis gravée dans la tradition moghole, l’émeraude Bérénice, d’un poids de 141,13 carats et de forme naturelle hexagonale, croise l’histoire de Cartier depuis les années 1920.
En 1925 à Paris, à l’occasion de l’Exposition des arts décoratifs et industriels modernes, Cartier expose, parmi cent cinquante pièces de joaillerie et d’horlogerie, une parure exceptionnelle : un diadème, une broche sertie de diamants et d’émeraudes, ainsi qu’un collier au porté inédit sont présentés sur un mannequin de cire que La Gazette du bon ton baptisera « Bérénice ».
Le collier est en fait un bijou d’épaules composé d’une bande de platine de près de soixante centimètres de long rehaussée d’émail noir, de perles fines et de diamants, divisée en plusieurs sections articulées et retombant derrière les épaules sans fermeture ni attache. Le joyau est ponctué de trois extraordinaires émeraudes anciennes, gravées selon la tradition moghole.

L’une d’elle, d’un poids de 141,13 carats et de forme naturelle hexagonale, retient particulièrement l’attention. Importée de Colombie jusqu’en Inde au XVIIe siècle, elle fut gravée de fleurs de lotus, de coquelicots, de feuilles d’amarante et d’acanthe entre 1628 et 1658, sous le règne de l’empereur moghol Shâh Jahân (1592-1666).

En 1926, l’émeraude centrale du collier – alors appelée Bérénice par la Maison – est dessertie de la parure et remontée en une première broche, puis en une seconde en 1927. En 2010, Cartier peut à nouveau l’acquérir et la présenter, dessertie et accompagnée de trois propositions de dessins de création, à la Biennale des Antiquaires à Paris. La pierre, vendue à un collectionneur privé, est ensuite montée dans les ateliers parisiens du joaillier selon l’un des dessins de création. Fin 2013, devenue la pièce centrale d’un diadème, détachable et portable en broche, elle est prêtée par son nouveau propriétaire à l’occasion de l’exposition « Cartier. Le Style et l’Histoire », au Grand Palais, à Paris. De novembre 2015 à avril 2016, elle est présentée au Victoria & Albert Museum à Londres dans le cadre d’une rétrospective sur la joaillerie indienne.
