Saphir

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Gemme de la famille des corindons, le saphir fait partie des quatre pierres dites précieuses, avec le rubis, l’émeraude et le diamant. Il existe dans toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, mais seule la variété bleue peut porter la dénomination saphir sans apposition du terme de couleur.

 

  • Groupe : corindon
  • Composition chimique : oxyde d’aluminium
  • Couleur : de bleu profond à bleu clair
  • Dureté : 9 (échelle de Mohs)
  • Provenances réputées : Cachemire, Birmanie, Ceylan (Sri Lanka), Madagascar

Étymologie, mythes et légendes

Il semblerait que le nom du saphir provienne du mot sanscrit saniprya, qui donna l’appellation sappheiros en grec, terme qui semblait également désigner le lapis-lazuli.

En Égypte ancienne et en Rome antique, il était considéré comme la pierre sacrée de la vérité et de la justice. Dans diverses cultures, il symbolisait aussi la stabilité et la solidité.

Formation de la pierre

C’est la conjonction de l’intensité de la couleur et d’une vivacité exceptionnelle qui fait du saphir l’une des gemmes les plus recherchées et utilisées en joaillerie.

Le corindon est allochromatique : pur, il est incolore, mais cette forme native est peu répandue. Le saphir doit sa couleur à des éléments à l’état de traces de titane et de fer. C’est la présence combinée de ces deux éléments dans la pierre qui lui confère sa couleur.

Le saphir se trouve dans la nature sous la forme d’une structure bipyramidale à 6 pans, plus ou moins allongée, se terminant en pointe ou par une surface plane.

Origines

L’origine d’une pierre ne garantit pas la qualité de la gemme, bien qu’étant un critère reconnu de valeur.

Les indications de couleur par origine reposent sur des appréciations de professionnels et des constatations émises à partir de l’observation d’une majorité de pierres de belle qualité de cette provenance.

Il est d’usage d’indiquer sur les certificats gemmologiques les provenances par pays. Les gisements n’y figurent que rarement.

Il existe de nombreux gisements de saphirs dans le monde exploités depuis des siècles, telles les mines de Birmanie ou de Ceylan ou, à des périodes plus contemporaines, celles du Cachemire, de la Thaïlande, du Cambodge, d’Australie et même des États-Unis. Plus récemment encore, les mines d’Afrique : Tanzanie, Nigeria et, depuis peu, Madagascar… Parmi toutes ses origines, Cartier privilégie celles qui réunissent le plus de qualités.

Les saphirs du Cachemire

Une couleur riche et chaleureuse à la fois ainsi qu’un velouté remarquable font du saphir originaire de la région Cachemire (Inde actuelle) une gemme d’exception. Certains spécimens montrent une très légère et caractéristique nuance bleu-vert qui, quand elle reste douce, ajoute à la valeur de la pierre (le fameux vert du Cachemire).

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Découvertes vers 1881, les mines de saphirs se situent à plus de 4 500 m d’altitude, dans une région montagneuse de l’Himalaya, et ne furent exploitées intensivement que durant une vingtaine d’années puis plus ou moins sporadiquement jusqu’au milieu du XXe siècle. Les gisements sont réputés taris et les pierres qui circulent provenant de « deuxième main », c’est-à-dire montées ou l’ayant déjà été.

On peut observer dans les saphirs du Cachemire des zones de croissance qui s’entrecroisent en « lames de parquet », ainsi que divers cristaux tels que le zircon, la tourmaline et le feldspath, des inclusions liquides en forme d’empreinte de doigts (fingerprints), des givres de guérison (recristallisation naturelle à l’intérieur d’un givre)…

Les saphirs de Birmanie

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Extraits des mines de Mogok, les saphirs de Birmanie sont appréciés pour leur bleu profond et vivant. Ils se caractérisent par l’homogénéité de leur couleur et peu de zones de croissance. Les inclusions les plus fréquentes sont des soies (petites aiguilles minérales de rutile) plus ou moins denses, des cristaux négatifs (reprenant les contours d’un cristal inclus disparu), des givres de guérison (recristallisation naturelle à l’intérieur d’un givre)…

Considérée comme l’un des acteurs majeurs du secteur du luxe, la Maison s’engage à garantir l’approvisionnement responsable des pierres magnifiées au sein de ses créations. De ce fait, depuis décembre 2017, Cartier ne s’approvisionne plus en saphir de Birmanie.

Les saphirs du Sri Lanka

L’exploitation remonte à l’Antiquité et le terme Ceylan (l’ancien nom du Sri Lanka) caractérise encore aujourd’hui les saphirs provenant de ce pays (dit « l’île resplendissante »). Durant des siècles, c’est de cette petite île au sud de l’Inde que provenait la plus importante production de saphirs gemmes.

Les spécimens qui en sont originaires se caractérisent par une saturation légère, un bleu parfois un peu électrique. Du bleu bleuet au bleu très clair, dans des tons francs, avec une légère nuance violette particulièrement sous lumière électrique, ils sont réputés être extraits principalement autour de la cité de Ratnapura (littéralement « la ville des gemmes »).

Une très grande diversité d’inclusions caractérise les saphirs de Ceylan. Les plus présentes sont : ailes de papillon (inclusions liquides formées de gouttelettes en forme d’ailes qui s’entrecroisent et évoquent l’insecte), cristaux négatifs, soies, ainsi que des zones souvent incolores.

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Les saphirs de Madagascar

En 1998, est inaugurée à Ilakaka, au sud de l’île, la première mine de saphirs, principalement de couleurs mais aussi bleus. Depuis, Madagascar est devenue le plus important producteur mondial de saphirs gemmes. Presque tout le sous-sol de l’île recèle des pierres et les mines de saphirs se répartissent sur tout le territoire. On trouve à Madagascar des spécimens de qualité gemme en grande quantité dans des qualités extrêmement diverses, du plus clair au plus foncé. Par leurs caractéristiques, certains s’apparentent aux saphirs du Cachemire.

Tailles et formes

Les constantes physiques élevées du saphir, la plus dure des gemmes naturelles (avec le rubis) après le diamant, ainsi que la relative abondance de la pierre de pavage d’un dixième de millimètre de diamètre au saphir cabochon ou facetté de plus de 100 carats, permettent de tailler la gemme dans les tailles et dans les formes les plus diverses.

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La structure du brut du corindon conduit le lapidaire à privilégier l’ovale ou le coussin, ce dernier étant particulièrement apprécié pour son élégance. La forme cabochon se prête bien au saphir, particulièrement en taille pans russes, de même qu’en gouttes ou toute autre forme. À l’inverse, les spécimens ronds et de forme rectangle à pans coupés (dite « taille émeraude ») sont rares, surtout au-dessus du carat.

Les saphirs étoilés sont appréciés pour l’étoile à 6 branches produite par le chatoiement des aiguilles de rutile présentes dans leur matière. Un saphir étoilé d’un beau bleu transparent, dont l’étoile est bien visible et centrée, est une pierre rare et recherchée. Il est d’usage de laisser un fond dépoli aux saphirs étoilés.

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Conseils d'entretien

Bien que très dur, le saphir est sensible aux chocs, qui peuvent conduire à des égrisures voire des cassures. Comme toute matière précieuse, le saphir doit être manipulé avec soin. Il est préconisé de faire nettoyer périodiquement son bijou en boutique afin d’éviter toute mauvaise manipulation.

Le saphir supporte les ultrasons.

Cartier et le saphir

Parce qu’il est l’une des quatre pierres précieuses, le saphir s’impose tôt comme une gemme d’élection pour Cartier. Il figure en bonne place depuis plus d’un siècle et demi dans les registres de la Maison, où se rencontrent au fil des lignes spécimens d’exception et célèbres propriétaires.

Parmi les pierres les plus renommées passées par les ateliers du joaillier, celles dont les qualités rivalisent avec la provenance prestigieuse, on peut évidemment citer le saphir Romanov, celui spectaculaire de 478 carats acquis par la reine de Roumanie ou encore le cabochon de la broche panthère de 1949 appartenant à la duchesse de Windsor. La création contemporaine n’est pas en reste : les saphirs Bleu-Bleuet et Andaman, respectivement montés en bague pour la Biennale des Antiquaires de Paris de 2014 et en collier l’année suivante, conjuguent tous les attributs de gemmes remarquables.

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En parallèle, Cartier se distingue dans l'usage du saphir selon deux voies principales. La palette, d'une part. Dès les premières années du XXe siècle, la Maison ose associer le saphir avec l'émeraude - ou plus rarement le jade - afin d'introduire un métissage de couleurs inédit dans la joaillerie occidentale. Baptisée « décor de paon », cette combinaison chromatique, d'abord jugée malvenue par les mentalités de l'époque, remporte vite un vif succès et s'impose depuis comme un classique de Cartier.

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Le second axe réside dans le jeu des tailles. Multiples dans le répertoire du joaillier, chaque taille est corrélée à des esthétiques emblématiques. Employé en cabochon, le saphir déploie le volume des bijoux, ponctue d’innombrables accessoires féminins et orne le remontoir des montres. Taillé en carré ou baguette, il structure la géométrie de dessins abstraits, des premières pièces de style moderne aux créations épurées d’aujourd’hui. Sculpté et gravé en forme de végétaux, feuilles ou baies gourmandes, il est constitutif du trio de gemmes indissociable du Tutti Frutti.

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