
Descendant de la puissante dynastie des Aga Khan, le prince Sadruddin (1933-2003) s’est illustré tout au long de sa vie comme un défenseur des droits de l’Homme et un passionné des arts.
Le prince Sadruddin Aga Khan est né à Paris en 1933 d’une mère française, Andrée Carron, et d’un père britannique d’ascendance indienne et iranienne, le sultan Mohammed Chah Aga Khan III. Il étudie en Suisse à l’école Le Rosey et poursuit sa scolarité à l’université de Harvard. Rapidement après son diplôme, en 1957, il se marie avec le mannequin Nina Dyer. Le couple mène une vie mondaine, fréquentant le Tout-Paris. Ils divorcent en 1962.
Du fait de ses origines familiales, Sadruddin se sent appartenir à la fois à l’Orient et à l’Occident. Son père, chef spirituel des ismaéliens, l’emmène en voyage à travers le monde et notamment dans les pays musulmans, comme l’Iran ou l’Égypte, afin qu’il découvre ses racines et se confronte à la réalité du monde.

Ces expériences l’ont nourri et il se décide dès 1962 à se consacrer au plus démunis en devenant conseiller au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, puis coordonnateur des affaires humanitaires au service de la Commission des droits de l’Homme. Il se distingue tout particulièrement en s’engageant énergiquement en faveur des exilés de la guerre du Pakistan oriental (devenu aujourd’hui le Bangladesh).
Derrière ces fonctions politiques, sociales et philanthropiques se cachent aussi un esthète et un homme d’une grande culture. Il collectionne, entre autres, les objets d’art africain et possède l’un des plus beaux ensembles d’art islamique au monde composé de miniatures et de calligraphies ottomanes, persanes ou mogholes, qui lui rappellent ses racines orientales. En 1972, il rencontre sa seconde épouse, Catherine, à qui il offre de nombreux présents dont des nécessaires et pendules mystérieuses Cartier datant des années 1925 à 1935.
L’occasion pour le couple de débuter une collection de pièces Art déco – regroupant près d’une centaine d’objets – dont l’une des créations les plus importantes est un nécessaire de 1925. Arborant la silhouette élégante d’une panthère sur une rangée de rubis suiffés, la scène dépeint l’animal évoluant dans un paysage verdoyant en nacre, agrémenté d’un arbre rehaussé de cabochons de turquoise, et sur lequel brille un soleil en rubis.

Parmi les autres acquisitions du couple, on compte un second nécessaire Cartier de 1925, de style Tutti Frutti, et un de 1926 en néphrite sculpté de fleurs. Des couleurs franches et des formes audacieuses distinguent ces objets, dont de nombreux dessins sont inspirés du monde de la nature et des cultures lointaines. L’influence japonaise est par exemple bien présente, illustrée par un nécessaire Carpes Koï créé par la Maison en 1930. Les pendules mystérieuses occupent également une place notable dans les acquisitions du couple, comme le modèle de 1929 représentant une chimère en jade et des modèles des années 1930 au cadran taillé en pierres fines.


Depuis le décès du prince en 2003, cette collection d’objets précieux voyage à travers le monde à l’occasion d’expositions, telle celle de 2017 au Cooper Hewitt, Smithonian Design Museum ou celle de 2018 à l’École des arts joailliers de Paris.
