Ranjitsinhji, maharajah de Nawanagar

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Monarque du petit État de Nawanagar, situé dans l’ouest de l’Inde, Ranjitsinhji (1872-1933) était réputé pour sa passion du sport et celle des belles pierres.

Comme son compatriote Bhupindra Singh, maharajah de Patiala, Ranjitsinhji – dit Ranji – personnifie l’exemple même du souverain indien au fait des modes de vie et de pensée britanniques. Son parcours s’apparente à celui des élites anglaises. D’abord étudiant à l’université de Rajkot, en Inde, il poursuit sa formation au Royaume-Uni, en intégrant la très prestigieuse université de Cambridge.

C’est là qu’il se perfectionne dans la pratique du cricket, auquel il jouait probablement depuis son enfance, et qu’il se fait remarquer pour ses talents de batteur. Quelques années plus tard, ses études achevées, il s’établit dans le Sussex et prend la tête de l’équipe de cricket régionale. Même lorsqu’il retourne s’installer en Inde à partir de 1904 et qu’il monte sur le trône de Nawanagar en 1907, il effectue de nombreux allers-retours en Angleterre afin de disputer des saisons complètes de son sport favori. Il était même considéré par la presse comme l’un des meilleurs joueurs de l’époque.

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Ranjitsinhji a une autre passion : la joaillerie. Il rencontre Jacques Cartier – probablement au lendemain des cérémonies du Durbar de 1911–, avec qui il se lie d’amitié. Il lui confie bijoux et pierres provenant du trésor de Nawanagar ainsi que la réalisation de bijoux d’exception. En 1934, Jacques consacrera même un livre à son impressionnante collection. De nombreuses pages des registres de la Maison sont dédiées à ses achats et commandes : remontage d’une aigrette en platine ornée d’un diamant rose de 24,81 carats, création d’une parure de turban autour d’une spectaculaire émeraude rectangulaire de 80,68 carats appartenant à Ranjitsinhji, d’un collier de cérémonie en émeraude et diamant, d’un collier à cordelettes de perles fines, de deux ornements de turban…

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La commande la plus somptueuse est certainement le collier d’apparat exécuté en 1931, magnifié du légendaire diamant Ranjitsinhji, ainsi baptisé en l’honneur du maharaja par Jacques Cartier. D’une grande pureté et d’un poids tout aussi impressionnant de 136,32 carats, il est placé en aval d’une incroyable cascade de diamants de couleurs. Jacques conservait déjà un diamant rose de 9,50 carats appartenant au maharajah, auquel ce dernier ajoute deux diamants supplémentaires – un rose et un bleu azur. Cartier complète l’ensemble par un très rare diamant vert olive, ainsi qu’un autre diamant rose de taille ancienne. Les pierres parmi les plus rares sont ainsi réunies pour ce collier, probablement l’un des plus extraordinaires dans l’histoire de la joaillerie.

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En tant que maharajah, Ranjitsinhji est inscrit dans les mémoires comme un souverain progressiste et moderne. Il entreprend de nombreuses réformes dans l’état de Nawanagar et développe les infrastructures, notamment portuaires, ferroviaires et agraires. Durant la Première Guerre mondiale, il s’enrôle dans l’armée anglaise et combat sur le front français. Respecté aussi bien par les Britanniques que ses compatriotes, il est nommé en 1920 représentant de l’Inde à la Ligue des Nations et honoré, douze ans plus tard, de la très haute distinction de chancelier de la Chambre des Princes, l’une des principales institutions politiques indiennes.