
Descendante d’une illustre dynastie, la princesse Marie Bonaparte (1882-1962) épouse en 1907 le prince Georges de Grèce. Cartier crée pour l’occasion un somptueux trousseau de noces.
La dernière Bonaparte
Marie Bonaparte voit le jour le 2 juillet 1882. Fille de Marie-Félix Blanc et du prince Roland, elle est par son père l’arrière-petite-fille de Lucien Bonaparte, frère de l’empereur français Napoléon Ier. Une ascendance glorieuse revendiquée par la princesse Marie, qui se proclamait elle-même « la dernière Bonaparte ».
La mère de Marie, héritière du fondateur du casino de Monte-Carlo, décède quelques semaines seulement après sa naissance. La jeune princesse est alors élevée par sa grand-mère maternelle et reçoit une éducation stricte, dont elle s’évade grâce à la littérature.
En 1905, elle fait une entrée remarquée dans la vie mondaine. Son nom illustre et la promesse de la fortune considérable léguée par sa mère attirent à elle certains des plus beaux partis d’Europe. Parmi eux, le prince Georges, deuxième fils du roi Georges Ier de Grèce. Leurs fiançailles sont annoncées en 1906.
Un mariage fastueux

Les noces sont célébrées civilement à Paris en novembre 1907 puis en grande pompe le mois suivant à Athènes. Cartier est sollicité pour réaliser la corbeille de la future mariée. Elle comprend en grande partie des pièces de style néo-classique, très en vogue auprès des cours européennes, dont des ornements de corsage, une broche d’épaule et deux diadèmes. Le premier, le plus imposant, est à l’époque décoré de feuilles d’olivier en platine, d’émeraudes et de diamants – les neuf chatons d’émeraudes étaient alors interchangeables avec neuf chatons de diamants. Le second diadème – initialement un peigne de nuque – reprend un motif similaire, orné de perles fines, dans une composition d’un grand raffinement. La parure comprend également une pièce plus surprenante, voire audacieuse : une broche figurant un lézard en diamant.

Suivant la tradition, Cartier présente dans les vitrines de sa boutique parisienne l’ensemble des bijoux commandés, pour le plus grand plaisir des passants. Une exposition parallèle a lieu à l'Hôtel des Modes. À cette occasion, le magazine américain Vogue commande un reportage, dont l’auteur souligne que Marie Bonaparte personnifie les styles Louis XVI et Empire. Un raffinement, une allure sophistiquée que Cartier traduit idéalement pour le trousseau de noces, et qu’on retrouve pour deux pendentifs de 1913 figurant des pommes de pin articulées, montés sur un collier lavallière acquis par la princesse.
Princesse engagée et philanthrope
La princesse Marie Bonaparte découvre dans les années 1920 les travaux pionniers de Sigmund Freud dans le domaine tout juste naissant de la psychanalyse. Enthousiasmée par les théories novatrices du médecin viennois, la princesse le soutient financièrement, traduit ses œuvres en français, participe à la fondation de la Société psychanalytique de Paris et à la création d’une revue spécialisée.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Marie Bonaparte s’éloigne de la psychanalyse et s’engage dans les dernières années de sa vie en faveur de l’abolition de la peine de mort. Elle s’éteint en 1962.

