Princesse Andrée Aga Khan

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Épouse de l’Agha Khan III et mère du prince Sadruddin, Andrée Carron (1898-1977) a légué à la postérité l’image d’une femme aussi discrète qu’élégante.

Andrée Joséphine Carron naît en 1898 en France, dans la région de Chambéry. Rien ne prédestinait cette jeune femme modeste, fille d’un directeur d’hôtel et copropriétaire avec sa sœur d’une maison de couture à Paris, à épouser l’un des hommes les plus en vue de son époque : le sultan Mohammed Chah, Aga Khan III (1877-1957). Chef spirituel des ismaéliens (une communauté musulmane chiite notamment installée en Inde et au Pakistan), il évolue dans les hautes sphères de la société, côtoyant cours royales, institutions internationales et cercles mondains. Sa passion pour les courses hippiques le hisse parmi les plus éminents propriétaires d’écuries : ses chevaux remportèrent à deux reprises le prestigieux Prix de l’Arc de Triomphe, ainsi que la célèbre course de la Triple Couronne britannique.

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Après un divorce et le décès de sa seconde épouse en 1926, l’Aga Khan fait la rencontre d’Andrée Carron. Il est séduit par cette trentenaire élégante et lui propose de l’épouser. Elle accepte après quelques hésitations, probablement liées aux vingt années qui les séparent et à la charge des responsabilités publiques qui incombent à un couple princier. Leur union civile a lieu à Aix-les-Bains, le 7 décembre 1929. Le mariage religieux est célébré quelques jours plus tard, le 13, à Bombay. Andrée Carron devient ainsi la « Bégum », selon le titre accordé dans la tradition indienne à l’épouse d’un sultan, équivalant au rang de princesse.

Tendre et discrète, la princesse Andrée se fait remarquer par son raffinement. Les photographies d’époque la montrent parée de superbes toilettes, embellies de fastueux bijoux. 

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Parmi eux, on compte plusieurs pièces créées par Cartier, à l’instar d’un sautoir en saphir et émeraude de 1930 ainsi que deux diadèmes : le premier est rehaussé d’émeraudes côtelées et de perles fines ; le second, datant de 1934 et entièrement pavé de diamants, se compose d’une partie supérieure formant une auréole de lotus stylisés alors que la partie inférieure, ornée de motifs en zigzag se détache pour être portée en bandeau. 

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Si la princesse cultive un œil averti pour la mode occidentale en matière d’habillement, ses bijoux témoignent eux d’un goût oriental, notamment indien, comme pour rendre hommage aux racines de l’Aga Khan. Un style entre Occident et Orient, tradition et modernité, tout à fait dans la tendance de l’époque, apogée de l’Art déco, très curieuse des civilisations lointaines.

En 1933, la Bégum donne naissance au prince Sadruddin. Mère aimante, elle prend une part importante dans l’éducation de son fils, qui conservera toute sa vie un souvenir ému de sa mère et partageait avec elle un même sens du raffinement, lui qui fut aussi un client fidèle de Cartier. Le couple princier divorce en 1943. L’Aga Khan confia : « notre union fut pendant de longues années aussi harmonieuse qu’heureuse. »