
Perle fine de légende, la Peregrina – signifiant « étonnante » en espagnol – fut découverte au Panama aux environs des années 1570. Acquise par la famille royale d’Espagne, elle y demeura des générations durant, jusqu’à ce que les Bonaparte ne se l’approprient au XIXe siècle. En 1969, une perle présentée comme la Peregrina fut proposée aux enchères par une maison de vente et acquise par l’acteur Richard Burton. Il l’offrit à sa compagne, Elizabeth Taylor, qui la fit monter en pendant d’un collier par Cartier.
Vers les années 1570, au Panama, un esclave découvrit dans une coquille si petite qu’elle semblait ne rien renfermer une imposante perle fine d’une belle forme poire. Le joyau fut immédiatement vendu à un marchand portugais, qui la ramena à Séville, alors carrefour du commerce des gemmes précieuses. L’empereur germanique Rodolphe II de Habsbourg, intrigué par le poids de cette splendeur nacrée, aurait dépêché sur place un émissaire avec pour mission d’en réaliser l’acquisition. Il fut toutefois devancé par le roi Philippe II d’Espagne.
Demeurée des siècles durant dans le trésor de la cour d’Espagne, successivement portée par nombre de reines et princesses, la Peregrina passa au XIXe siècle entre les mains de Joseph Bonaparte (1768-1844), frère de Napoléon et souverain éphémère de la péninsule Ibérique. À son décès, son neveu Louis-Napoléon (1808-1873), le futur Napoléon III, s’en sépara au profit du Britannique James Hamilton.

En 1969, une maison de vente londonienne proposa une perle fine poire de 204 grains, qu’elle attestait être la fameuse Peregrina. Les enchères, enfiévrées, furent remportées par Richard Burton, qui offrit la perle à Elizabeth Taylor le jour de la Saint-Valentin. Dans ses mémoires, l’actrice raconte cette soirée inoubliable, sa joie à la découverte de la gemme irisée alors montée en collier puis, brusquement, son angoisse : « À un moment, j’ai descendu la main pour toucher la Peregrina, mais elle n’était plus là ! […] Je suis allée dans la chambre à coucher, me suis effondrée sur le lit, la tête sur l’oreiller, en poussant des gémissements. Lentement et avec beaucoup de précautions, je refis tout l’enchaînement de mes gestes dans la chambre. J’avais ôté mes pantoufles et mes chaussettes, et à quatre pattes sur le sol, je regardais de tout côté dans l’espoir de retrouver la perle. Rien. J’ai vu un de nos pékinois en train de mâcher un os. Et soudain, je me suis dit que nous ne donnions pas d’os à ronger à nos chiens, surtout pas à des bébés. Qu’était-il en train de mâcher alors ? […] J’ai ouvert sa gueule, et à l’intérieur, il y avait la perle. »
En 1972, Liz Taylor confia la perle à Cartier. Le joaillier composa alors un collier s’inspirant d’un portrait de Marie Tudor à qui, selon une légende toutefois inexacte, Philippe II aurait offert la Peregrina en guise de cadeau de fiançailles.
Liz Taylor conserva le collier jusqu’à la fin de sa vie. Conformément à ses dernières volontés, il fut vendu en 2011 aux côtés des autres nombreux bijoux de sa collection lors d’enchères dont une partie des bénéfices était destinée à la fondation qu’elle avait créée afin de lutter contre le sida, l’amfAR (American Foundation for AIDS Research).
