Onyx

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Pierre prisée depuis l’Antiquité, notamment pour la confection de camées et d’intailles, l’onyx occupe une place privilégiée dans la joaillerie contemporaine sous sa forme noire monochrome.
  • Groupe : calcédoine
  • Composition chimique : dioxyde de silicium
  • Couleurs : noir dans son acception la plus commune, mais de nombreuses variétés polychromes existent
  • Transparence : opaque
  • Dureté : 7 (échelle de Mohs)
  • Provenances principales : Brésil, Inde, Madagascar

Étymologie, histoire et légendes

Le terme onyx provient du mot grec onuks désignant « l’ongle », probablement en référence à la translucidité de la matière brute ou à la légende qui entoure son origine. Selon la mythologie grecque en effet, Cupidon, fils de Vénus, déesse de l’amour, vint couper les ongles de sa mère, profondément endormie au bord d’une rivière, avec la pointe en fer d’une de ses flèches. Les morceaux d’ongles tombèrent sur le sable de la berge et furent transformés par les Parques, déesses de la destinée, en un minéral appelé « onyx ».

L’onyx est également mentionné à plusieurs reprises dans la Bible. Le pectoral d’Aaron, ce gigantesque pendentif arboré par le grand prêtre et décrit dans Le Livre de l’Exode, en est par exemple orné. Plus loin, L’Apocalypse de Jean dépeint la Jérusalem céleste, une ville d’or pur entourée d’une grande et haute muraille dont les fondements, au nombre de douze (symbolisant les douze tribus d’Israël), sont « ornés de toutes sortes de gemmes ». Ainsi le sixième fondement est-il composé de sardoine, une calcédoine de couleur brun orangé, et le cinquième de sardonyx, dont le nom et la composition associent la sardoine et l’onyx.

Dans l’Antiquité, il est en outre d’usage de sceller actes et contrats à l’aide de sceaux ou de cachets réalisés en onyx. Les Égyptiens, les Grecs et les Romains ont aussi produit un nombre considérable de camées et d’intailles admirables en onyx, destinés à orner vases, bagues, bracelets et parfois même des meubles.

Au Moyen Âge, la pierre est toujours très employée, notamment dans l'orfèvrerie religieuse : reliquaires, vases, calices… Rares et convoités, ces objets sont collectionnés au même titre que des gemmes.

De tout temps, l’onyx gravé a fait figure d’ornement de choix, sublimé sous les traits de porte-bonheur, d’amulettes, de talismans ou encore de fétiches.

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L’onyx ou les onyx

Cette roche peut se présenter sous deux formes : rubanée ou monochrome. Sous le terme d’« onyx », on désigne le plus souvent aujourd’hui la variété monochrome de couleur noire.

Les autres variétés recouvrent des calcédoines rubanées, soit à deux couches régulières, planes, alternées de différentes couleurs contrastées (l’une noire, l’autre blanche parfois bleutée), soit à trois couches (noir, brun rougeâtre et blanc).

Couleurs et utilisations

Les Anciens savaient teinter en noir des calcédoines ordinaires à l’aide de solution sucrée, puis d’acide sulfurique. Cette pratique est si ancienne qu’elle est restée jusqu’à ce jour largement admise. Les onyx de Cartier sont ainsi majoritairement teintés.

L’onyx est une des matières premières de la glyptique, soit l'art de graver les pierres fines, du fait de sa polychromie naturelle et de la régularité des bandes planes de couleur qui peuvent la particulariser.

Par exemple, les camées sont en général des dessins figuratifs, le sujet étant gravé en volume, en tirant parti de l’alternance des couleurs contrastées (appelée « camaïeu ») mises en évidence par le dégagement en relief de chacune d'elles, de la couche claire au fond sombre.

Les sujets des intailles (du verbe « entailler ») sont quant à eux creusés dans la couche supérieure. Les intailles comportent soit un décor, soit des inscriptions, des armoiries ou des monogravures, car elles étaient souvent montées pour être utilisées comme cachets ou sceaux dans des bagues ou des anneaux.

De nos jours, camées et intailles sont moins utilisés en joaillerie. La technique reste cependant la même et demande une grande dextérité au lapidaire, souvent spécialisé.

Formation

Tout comme l’agate, l’onyx se forme à basse température dans les roches volcaniques. Grâce à la circulation d’eau minéralisée, il se dépose et tapisse leurs cavités. On le trouve sous forme de nodules arrondis ou bien sur les parois des filons.

Gisements

Les gisements anciens du Moyen-Orient, d’Égypte ou européens, comme ceux de Sicile et d’Idar-Oberstein (en Allemagne), sont aujourd’hui épuisés ou quasiment épuisés. Ils sont relayés par les gisements du Brésil et, dans une moindre mesure, ceux d’Inde, du Mexique ou de Madagascar.

Certification et origine

L’onyx ne donne pas lieu à certification.

Conseils d’entretien

L’onyx est sensible à la rayure et aux chocs.

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Cartier et l’onyx

L’onyx est une matière emblématique du répertoire de Cartier.

La Maison est pionnière dans son utilisation depuis le tournant des années 1910. Alors que l’alliance du noir et du blanc est à l’époque louée pour sa sobriété et son élégance, notamment à la suite de la vogue des bijoux de deuil consécutive au naufrage du Titanic en 1912, Cartier saisit tout le potentiel graphique et la modernité offerte par l’usage de l’onyx, jusqu’alors plutôt rare en joaillerie. Par petites touches, le noir est souvent associé à l’éclat du diamant, à la transparence du cristal de roche ou à l’accord des deux, comme en témoignent de nombreuses broches des années 1910 à 1920, dont certaines sont aujourd’hui conservées dans la Collection Cartier.

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Jouant du contraste de l’ombre et de la lumière, l’onyx est caractéristique de l’attrait de la Maison pour la simplification des formes et l’art de l’épure. Il permet notamment d’apporter de la profondeur et de souligner les effets de géométrie de dessins abstraits, emblématiques du style moderne et précurseurs de la période Art déco.

À la même époque, Cartier explore également d’inédits contrastes de couleurs. Parce qu’il apporte une puissance aux nuances, parce qu’il rend plus vibrante la présence des pierres, l’onyx est une matière privilégiée. Le joaillier explore notamment l’alliance du noir avec le rouge chaleureux du corail ou avec le vert intense des émeraudes. Au-delà des jeux de la palette, l’onyx, comme une ombre, souligne les formes et sépare les couleurs, apportant une profondeur au dessin.

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Toujours aussi moderne, l’onyx se distingue depuis le début des années 2010 dans d’audacieuses créations, explorant les effets d’optiques et les codes de l’art cinétique. L’opposition du noir et du blanc, en particulier, souligne la tension du dessin, entre lignes graphiques et jeux d’échos. De fins traits d’onyx esquissent un effet de perspective, impulsent une dynamique et même une sensation de mouvement. Troublant presque le regard, ces pièces révèlent sans cesse de nouvelles facettes.