María Félix

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Surnommée « La Doña », María Félix (1914-2002) est une actrice mexicaine reconnue pour son caractère et son charme. De 1942 à 1971, elle joue dans plus d’une quarantaine de films, tournés entre le Mexique et l’Europe. Son goût pour l’extravagance s’illustre dans ses commandes auprès de Cartier, en particulier ses bijoux reptiles, véritables reflets de sa personnalité affirmée.

À l’avant-garde du cinéma

María de los Ángeles Félix Güereña, de son vrai nom, naît en 1914 au Mexique. Remarquée dès l’adolescence, elle est couronnée reine de beauté lors d’un concours à l’université de Guadalajara. Peu de temps après, elle rencontre son premier époux, Enrique Álvarez, avec qui elle se marie en 1931.

Divorcée en 1937, elle emménage à Mexico City où elle est remarquée par le réalisateur Fernando Palacios. Lui prédisant un grand avenir, celui-ci la convainc de devenir actrice et l’introduit dans le cercle du cinéma mexicain. Durant les années 40, la carrière de María Félix prend de l’ampleur : elle devient alors une des actrices les plus populaires de son pays. Sa notoriété se développe davantage grâce à son mariage avec le chanteur Augustín Lara, qui immortalise leur amour dans de nombreuses chansons.

À cette époque, María noue des liens avec le monde de l’art et notamment avec le couple d’artistes mexicains Frida Kahlo et Diego Rivera.

Par la suite, d’autres artistes lui rendent hommage, qu’ils soient peintres, comme Leonor Fini, ou écrivains tel Jean Cocteau. En 1948, María est contactée par un producteur espagnol, marquant le début de sa carrière outre-Atlantique. Sa vie se partage désormais entre le Mexique et l’Europe, où elle tourne avec les plus grands réalisateurs de son temps, à l’instar de Jean Renoir et Luis Buñuel.

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Dans les années 1960, son apparition sur le grand écran se fait de plus en plus rare jusqu’à ce qu’elle se retire du milieu en 1971.

Un goût pour l’extravagance

Tout au long de sa vie, María Félix s’est illustrée par son extravagance. Résidant à Paris une partie de l’année, elle y possède un appartement décoré dans le style Napoléon III où dialoguent de manière éclectique laques noires et sièges capitonnés. Elle y conserve une importante collection d’objets, meubles et bibelots précieux. L’audace de ses goûts se retrouve dans le choix de ses bijoux, dont les plus spectaculaires ont été réalisées par Cartier.

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Fruit de plusieurs mois de travail, le collier Serpent, créé pour l’actrice en 1968, constitue l’une des pièces les plus remarquables dans l’histoire de la Maison. En effet, sa structure est entièrement articulée de manière à s’enrouler délicatement autour du cou. La constellation des 2 473 diamants, associée à la brillance du platine et de l’or, évoque la peau luisante de l’animal, tandis que son ventre est subtilement décoré d’émail rouge, vert et noir. La même année, María Félix commande une paire de boucles d’oreilles, toujours aux formes du serpent, dont le poids oblige à les porter dans le creux de l’oreille.

En 1975, sa passion pour les reptiles la conduit à effectuer une autre commande spectaculaire, combinant une fois de plus le savoir-faire technique à la puissance du dessin. La légende raconte que María aurait amené un bébé crocodile vivant dans les ateliers Cartier afin que les dessinateurs créent un bijou aussi vrai que nature, tout en leur recommandant de faire vite : l’animal ne tarderait pas à atteindre sa taille adulte.

Il en résulte un collier composé de deux crocodiles entièrement articulés et séparables afin de pouvoir être portés en broches ou présentés en objets décoratifs. Représentés avec un réalisme saisissant, les animaux sont respectivement sublimés par un pavage de 1 023 diamants jaunes et 1 060 émeraudes. Leur attitude prédatrice dégage vitalité et autorité, dans la tradition du naturalisme chère à la Maison.

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Les autres bijoux commandés par l’actrice mexicaine se caractérisent presque tous par la force qui s’en dégage. Portés en accumulation sur ses poignets, les bracelets chimère et panthère illustrent le parti pris esthétique de María Félix, où l’extravagance ne cède rien à la simplicité.