
Tout comme Ranjitsinhji, son oncle et prédécesseur sur le trône de l’État indien de Nawanagar, Digvijaysinhji (1895-1966) acquit auprès de Cartier d’exceptionnelles créations, parmi les plus célèbres même dans l’histoire de la joaillerie.
Digvijaysinhji naît le 18 septembre 1895. Après avoir passé son enfance en Inde, il est envoyé en Angleterre, comme nombre de ses pairs, afin d’y parfaire son éducation et de se familiariser avec le monde occidental. Il passe d’abord par le Malvern College avant d’intégrer la prestigieuse University College London.
Au lendemain de ses études, en 1919, Digvijaysinhji rejoint l’armée britannique : il y fera carrière pendant plus de dix ans. Promu lieutenant en 1921 après avoir servi dans la Egyptian Expeditionary Force, il accède en 1929 au grade de capitaine. En 1933, Digvijaysinhji succède à son oncle, Ranjitsinhji, en tant que maharajah de Nawanagar, riche État situé à l’ouest du sous-continent indien. Il poursuit la politique libérale engagée par son prédécesseur. Après l’indépendance de l’Inde en 1947, le maharajah signe le pacte d’adhésion aux Dominions (États autonomes membres de l’Empire britannique) et accepte de fusionner l’État de Nawanagar avec celui de Kathiawar, dont il fut le gouverneur jusqu’en 1956.
Comme son oncle, Digvijaysinhji est un client fidèle de Cartier. En 1933, il charge déjà la Maison d’effectuer un inventaire du trésor de Nawanagar. Il se lie vite d’amitié avec Jacques Cartier, directeur de la filiale londonienne. Le maharajah l’invite régulièrement pour les vacances dans sa demeure en Irlande ; en retour le joaillier l’accueille dans sa résidence personnelle de Dorking, dans le Surrey, lors de son passage en Grande-Bretagne à l’occasion du couronnement du roi George VI, en 1937.
Le maharajah passe auprès de Cartier de somptueuses commandes, qui figurent depuis en bonne place dans les annales de la joaillerie. En 1937, la Maison réalise à sa demande un collier en platine et diamant sublimant un rare ensemble de rubis de Birmanie provenant du trésor de Nawanagar. Une pièce d’exception, qui illustre à merveille la rencontre entre Cartier et les Indes : fidèle à la joaillerie traditionnelle indienne par son opulence, il adopte dans son dessin les tendances géométriques emblématiques de l’Art déco.


Toujours en 1937, Digvijaysinhji acquiert auprès de Cartier Londres une broche en forme d’aigrette, adaptation géométrique et moderne d’un bijou indien traditionnel. La pièce, sertie de diamants taille baguette, met à l’honneur un impressionnant diamant brun aux reflets dorés de 61,50 carats, surnommé l’Œil du Tigre. Le maharajah en orne à de multiples occasions son turban, l’agrémentant notamment de véritables plumes d’aigrette.

Ces deux pièces – parmi tant d’autres exemples – font aujourd’hui partie d’une collection privée. Elles sont régulièrement présentées dans des expositions consacrées à l’Inde ou la joaillerie Art déco par de prestigieux musées internationaux.
