Daisy Fellowes

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Membre éminent de la Café Society, Daisy Fellowes (1890-1962) se distingue très tôt par l’assurance de son goût. Longtemps désignée comme « la femme la plus élégante de son époque », elle accordait avec raffinement ses parures Cartier aux toilettes des plus grands couturiers.

Marguerite Decazes, dite Daisy, vient au monde le 29 avril 1890 à Paris. Elle hérite très tôt de la fortune de son grand-père, fondateur de l’entreprise de machines à coudre Singer. Son père, le duc Decazes, l’introduit très tôt dans les cercles mondains et cosmopolites. Cependant, l’enfance de Daisy est troublée par le décès de sa mère en 1896. Elle est alors recueillie par sa tante, princesse de Polignac et grande protectrice du monde des arts, qui l’élève et lui inculque l’art de vivre en esthète.

En 1910, elle se marie avec le prince Jean de Broglie, avec qui elle aura trois enfants. Suite à la mort de son premier mari en 1918, elle épouse un an plus tard le banquier Reginald Fellowes.

À cette époque, elle devient une des figures principales de la Café Society, groupe mondain qui évolue entre New York, Paris et Londres. Parmi les membres les plus illustres figurent Mona Bismarck, Charles de Beistegui, Cecil Beaton ou encore Elsa Schiaparelli, avec qui Daisy Fellowes partage une complicité esthétique. Femme moderne et active, l’héritière s’essaie à l’écriture et publie quelques romans sentimentaux. Cependant, c’est dans le domaine de la mode qu’elle impose son influence. Son don pour le style et le bon goût est remarqué par le Harper’s Bazaar, qui l’engage en tant que correspondante à Paris entre 1933 et 1935. Véritable arbitre de l’élégance, elle se présente dans les toilettes les plus raffinées, qu’elle accorde parfaitement à ses bijoux dans une « simplicité étudiée » selon les mots de son ami et photographe Cecil Beaton.

Sa collection de joaillerie figure parmi les plus importantes de l’entre-deux-guerres. Cliente fidèle de Cartier, ses premières acquisitions se partagent entre l’extravagance d’un goût pour l’ailleurs et l’épure de l’Art déco.

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Daisy Fellowes se passionne en particulier pour les pierres gravées, qu’elle choisit elle-même en Inde et rapporte au joaillier. En 1936, elle fait réaliser un collier dit « hindou », emblématique de ce qu’on nommera plus tard le Tutti Frutti, composé de gemmes issues de trois bijoux anciens. Il se distingue par la profusion d’émeraudes, saphirs, rubis et diamants ainsi que par la souplesse de sa structure en platine articulée.

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Plus que par l’origine des pierres, l’apport indien de la création repose sur son dessin. En effet, il s’inspire fidèlement des parures cérémonielles de tradition hindoue : la pièce est suspendue à un long cordon et se porte bas sur la poitrine. Nombre de portraits de Daisy Fellowes témoignent de son attachement pour le bijou, qu’elle a plaisir à porter à l’occasion de bals fastueux, tel celui donné à Venise par Charles de Beistegui en 1951. Sa fille aînée, la comtesse de Castéja, fit modifier le collier par Cartier en 1963 afin de le transformer en tour de cou.

D’autres bijoux illustrent son goût pour les pierres gravées. En 1945, Daisy Fellowes fait remonter deux émeraudes gravées par Cartier Londres et les associe à des boules pavées de diamants pour orner le fermoir d’un collier de perles fines.

Au sein du bestiaire Cartier, Daisy Fellowes adopte la chimère, présente sur un bracelet en corail acquis en 1961, ainsi que la panthère, évoquée par son pelage sur un collier et deux bracelets de 1930 et 1931.

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Elle partage aussi avec Jeanne Toussaint, directrice de la création de la Maison à partir de 1933, un goût pour les jeux de volume, le travail de l’or et le métissage des pierres fines. Parmi les pièces les plus emblématiques acquises par Daisy Fellowes figure notamment un imposant collier en or jaune tressé orné de 42 boules d’améthyste facettées et de cabochons de turquoise. Ce syncrétisme s’illustre également sur deux bagues en or, acquises par l’héritière en 1949, surmontées respectivement d’une multitude de boules de saphir et de rubis.

Plus qu’un goût pour l’audace, « la femme la plus élégante du monde » partage avec Cartier une même vision du style.