Jean Cocteau

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Poète, dessinateur, dramaturge, cinéaste… Jean Cocteau (1889-1963) figure parmi les plus grands artistes du XXe siècle. Esthète et fidèle de la Maison Cartier, il partage avec elle un goût pour l’audace et la poésie.

Né à Maisons-Laffitte le 5 juillet 1889, Jean Cocteau est issu d’une famille de la grande bourgeoisie parisienne. Après ses études au lycée Condorcet, à Paris, il publie ses premiers poèmes en 1909 et devient l’une des figures à la mode du Tout-Paris et des salons que fréquentent les Daudet, la comtesse de Noailles ou encore Marcel Proust. En 1913, Le Sacre du printemps, chorégraphié par Diaghilev, est pour lui une révélation qui influencera l’ensemble de son œuvre. De sa rencontre avec l’artiste russe naissent les livrets de deux ballets, Le Dieu bleu en 1912 et Parade en 1917, réalisés en collaboration avec d’autres grands artistes de son temps tels le dessinateur Léon Bakst, le peintre Pablo Picasso et le compositeur Erik Satie.

L’entre-deux-guerres est pour Jean Cocteau une période d’intense créativité placée sous le signe de l’avant-garde. Il s’essaye à la poésie d’inspirations futuriste, dadaïste ou cubiste et publie son roman le plus connu, Les Enfants terribles, en 1929. L’écriture le conduit au théâtre et au cinéma, grâce auxquels il rencontre entre autres l’artiste Christian Bérard, la chanteuse Édith Piaf, pour qui il écrit la pièce Le Bel indifférent en 1940, mais aussi sa muse et son amant, Jean Marais. Il offre au septième art nombre de réalisations marquantes, parmi lesquelles La Belle et la Bête (1946), Orphée (1950) ou encore Les Enfants terribles (1950), adapté de son célèbre roman. Devenu une référence cinématographique, il préside le jury du Festival de Cannes de 1953, puis celui de 1954.

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À ses talents d’écrivain s’ajoutent ceux de peintre et de dessinateur. Outre ses albums, on lui doit la décoration des chapelles de Villefranche-sur-Mer et Milly-la-Forêt. Encouragé par Henri Matisse, il décore les murs de la villa Santo Sospir à Saint-Jean-Cap-Ferrat, demeure appartenant au couple Weisweiller, héritiers de la société Shell et amis proches.

Artiste complet, esthète au tempérament de dandy, Jean Cocteau se distingue par son goût pour l’élégance. Il est parmi les premiers à adopter la bague aux trois anneaux imaginée par Louis Cartier en 1924, qu’il s’approprie par un porté original : deux en superposition sur l’auriculaire de la main gauche.

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Le 3 mars 1955, Jean Cocteau est élu à l’Académie française. Pour l’occasion, Cartier lui conçoit son épée d’académicien, exécutée selon les dessins de l’artiste. Aujourd’hui conservée dans la Collection Cartier, elle figure les thèmes principaux de son univers créatif : Orphée – dont le profil en or dessine la poignée de l’épée – et sa lyre, un rideau de théâtre symbolisé par un tissu enroulé autour d’une colonne, un fusain horizontal pour son activité de dessinateur, une étoile en diamant et rubis pour rappeler le célèbre pictogramme étoilé accompagnant sa signature. Sur le fourreau, des pointes de lance évoquent les grilles du Palais-Royal, où Cocteau habitait depuis 1940. À l’extrémité du fourreau, une petite boule d’ivoire tenue dans une main évoque la pierre enrobée de neige des Enfants terribles. Cette épée lui est offerte, comme le veut la tradition, par ses amis : la lame provient d’une armurerie de Tolède, l’émeraude de 2,84 carats a été donnée par Coco Chanel, les rubis et le diamant par Francine Weisweiller.

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L’attachement de Jean Cocteau à Cartier se traduit également dans son œuvre. Pour son film La Belle et la Bête, il fait ainsi appel au joaillier pour lui prêter les diamants qui figurent les larmes de son héroïne, incarnée par Josette Day, alors qu’elle pleure son père malade. 

On doit aussi au poète deux vers célébrant tout le merveilleux inhérent à l’univers de la Maison :

« Cartier, qui fait tenir, magicien subtil,

De la lune en morceaux sur du soleil en fil. »