
Très tôt, Cartier s’ouvre à la diversité culturelle du monde. Parmi les différentes civilisations chères à la Maison, l’Afrique s’impose vite comme un thème récurrent et stimulant, participant avec justesse à la grammaire stylistique de Cartier.
Une envie d’ailleurs
À partir du tournant du XXe siècle et jusqu’au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, une émulation pour les cultures extra-occidentales s’empare des arts. La diversification des moyens de transport ainsi que la multiplication des Expositions universelles et coloniales permettent une large ouverture sur le monde et encouragent une profusion d’expressions créatives.

Lors de ces événements, le public occidental découvre des arts traditionnels relativement méconnus jusqu’alors, à l’instar de ceux originaires d’Afrique. Artistes comme artisans y puisent leur inspiration, à l’image de Picasso, Man Ray ou encore de la Maison Cartier qui propose, à partir des années 20, des bracelets dits « soudanais » en ivoire, onyx, émail et diamant. Ces pièces reprennent la forme des bracelets rigides et utilisent les matières classiques des parures africaines.
Animaux sauvages et masques tribaux
Des photographies des années 30, conservées dans les press-books des dessinateurs de la Maison, soulignent leur intérêt pour l’Afrique et en particulier sa faune. Girafe, zèbre et lion sont réinterprétés de manière figurative, dans la tradition du naturalisme chère à la Maison, mais aussi de manière plus stylisée. Le motif peau de panthère rencontre ainsi un vif succès dans les années 30 sur des bijoux, parures et accessoires au tacheté d’onyx ou d’émail noir. Le bestiaire africain se diversifie tout au long des décennies suivantes, à l’instar d’une broche lion en or ciselé des années 70 ou encore de bracelets à têtes de zèbre et d’éléphant de 1991. Broches girafe, bagues serpent et bracelets au pelage zébré sont encore de nombreux exemples de l’importance de la faune africaine dans la création Cartier.


Outre ces figurations animalières, la veine africaine se traduit également par la reprise de motifs de masques tribaux suggérés par des broches-pinces dans le goût des années 50-60.
L’inspiration africaine dans la création contemporaine
Aujourd’hui, Cartier explore les territoires africains à l’aune d’horizons plus stylisés, voire abstraits, grâce aux jeux du dessin, du rythme et des matières. En témoigne ce collier réalisé en 2013 pour la collection de Haute Joaillerie L’Odyssée de Cartier. Son dessin, coloré par une palette ardente de boules de grenat mandarin et de diamants bruns, rappelle les parures massaïs à multiples rangées de perles. Dans cette même collection, la peau du zèbre est suggérée par les hachures graphiques d’onyx ornant nerveusement un bracelet dont le volume est souligné par une ligne de grenats.


En 2018, l’Afrique stimule la créativité de la Maison avec la collection de Haute Joaillerie Coloratura. Parmi les pièces maîtresses, la parure Kanaga évoque les masques du même nom portés lors de cérémonies chez les Dogons, tribu ancestrale du Mali. La géométrie et la forme tout en longueur de ces masques ont inspiré l’élément central du collier, qui structure puissamment le dessin, alors que les franges de boules de spinelle rappellent les pagnes en fibres végétales portés pendant la célébration. Tout en s’inspirant volontairement des pièces traditionnelles, le dessin revendique une interprétation abstraite et respectueuse du répertoire de formes et de motifs de l’art africain.
