Café Society

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La Café Society se caractérise par l’émergence, durant les Années folles, d’une haute société aux goûts raffinés qui perdure jusqu’au début des années 1970. Cette nouvelle élite compte de nombreux clients Cartier, à l’instar de Daisy Fellowes, des Windsor, de Mona Bismarck ou encore de Barbara Hutton.

Une société cosmopolite et festive

Le microcosme de la Café Society se compose d’aristocrates, mondains, milliardaires et artistes. Leur vie sociale est jalonnée de réceptions, dont l’itinérance varie au gré des saisons. L’été, ils se réunissent dans des villégiatures situées sur la French Riviera ou en Italie. En hiver, ils favorisent les grandes capitales, à l’instar de Paris. À l’occasion de ces soirées, chacun apporte un soin tout particulier à son apparence, notamment au choix de ses parures joaillières. Le bal organisé à l’Orangerie du château de Versailles en 1953 en donne un parfait exemple. Là, la duchesse de Windsor accompagne son collier « draperie » en améthyste et turquoise, créé par Cartier six ans plus tôt, d’une robe fourreau Christian Dior spécialement conçue pour mettre en avant le bijou.

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L’histoire se souvient également du « bal du siècle » organisé par Charles de Beistegui à Venise, le 3 septembre 1951. Grand bourgeois, il donne au palais Labia une fête somptueuse en costumes d’époque, où se pressent toutes les personnalités qui comptent : Barbara Hutton, Jacques Fath, Orson Welles… Daisy Fellowes y porte son fameux collier Tutti Frutti de style « hindou ». Réalisée en 1936 par Cartier Paris à partir de pierres issues de trois bijoux déjà en sa possession, dont deux signés Cartier et datant de la fin des années 1920, cette création se distingue à la fois par la profusion des pierres qui la constituent et par sa structure en platine articulée d’une grande souplesse.

Cartier et la Café Society

Tout comme Daisy Fellowes, la plupart des membres de la Café Society mènent une existence mondaine, dédiée à l’art de vivre. Ce quotidien consacré à l’élégance trouve un écho chez la duchesse de Windsor. Personnage phare de la Café Society, elle incarne la maîtresse de maison idéale, supervisant les détails d’une soirée, de la décoration et de la qualité des mets jusqu’aux services de table. Grande amatrice de joaillerie, elle apprécie la flamboyance et le volume des pièces Cartier. Ses choix se portent notamment sur le bestiaire de la Maison, comme en témoignent une broche flamant rose , ainsi que des bijoux panthère.

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Adepte elle aussi du style félin, Barbara Hutton, riche héritière américaine, préfère cependant le tigre à la panthère. Cette socialite new-yorkaise est régulièrement citée comme l’une des femmes les plus élégantes du monde. La presse retrace mois après mois les variations de son allure, qui immédiatement deviennent prescriptrices des modes du moment. Dictant de la même manière les tendances au sein des élites, Barbara Hutton fait notamment de Tanger une ville attractive pour les milliardaires de la Café Society en y acquérant un palais dans la médina. Cette vie somptueuse est embellie d’objets usuels précieux réalisés par Cartier, tels un peigne en écaille pavé de diamants ou un cadre en or jaune.

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Parmi les ambassadrices du bon goût de la Café Society, Marjorie Merriweather Post occupe elle aussi une place importante. Plus grande cliente de Cartier New York, elle s’y fournit tant en objets qu’en bijoux. Ses choix minutieux l’amènent à accessoiriser ses intérieurs de cadres photo en agate, émail ou onyx, rehaussés de pierres précieuses ou semi-précieuses. En matière de joaillerie, une pièce se détache de sa collection : une broche de 1923, remaniée en 1928, composée de sept émeraudes du XVIIe siècle gravées, pour un total de 250 carats. La célèbre héritière porte notamment cette broche à l’occasion d’un bal donné en 1929 à Palm Beach, en Floride, en guise d’ornement à son costume de Juliette.

Autre figure incontestée de la Café Society, Mona Bismarck. Née au sein d’une famille modeste, elle intègre les hautes sphères mondaines par ses mariages successifs. Cette Américaine installée en Europe représente, selon le chroniqueur de la Café Society, Cecil Beaton, « le modèle parfait de tout ce que le goût et le luxe peuvent faire épanouir. Ses demeures, ses meubles, ses bijoux, son art de vivre, tenaient du “tour de force” ». Férue d’antiquités, notamment de porcelaine chinoise, elle acquiert chez Cartier une collection d’objets usuels précieux comprenant des flacons , des encriers et des fioles d’inspiration asiatique.

Dans les années 1960, portés par la médiatisation à outrance des personnalités publiques et l’essor d’une société de consommation mondialisée, de nouveaux phénomènes vont entraîner subitement la fin de la Café Society. Elle brille d’un de ses derniers éclats lors du « bal Proust » donné par Marie-Hélène de Rothschild dans son château de Ferrières, en décembre 1971. Dans la lignée des fêtes aux thèmes romanesques, cet événement donne lieu à un concours d’extravagance dont Elizabeth Taylor est l’une des lauréates. Son apparition au bras de son époux, Richard Burton, parée du célèbre diamant Taylor-Burton de 69,42 carats, acquis auprès de Cartier et retenu ici par un ruban de soie, constitue un somptueux chant du cygne.

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Par la suite, les membres de la haute société américaine épris de culture et de raffinement se détourneront de l’Europe et rejoindront New York et sa frénésie. Les muses de Truman Capote (Babe Paley, Millicent Rogers, Lee Radziwill…) donneront désormais la tendance, laissant place à un nouveau monde : la jet-set.