
Le béryl a la particularité de regrouper au sein d’une même famille une pierre précieuse, l’émeraude et des pierres fines recouvrant une large palette de couleurs. Le béryl vert, l’aigue-marine, la morganite et l’héliodore sont notamment très appréciés en joaillerie.
- Espèce minérale : béryl
- Composition chimique : silicate d’aluminium et de béryllium
- Couleur : vert (émeraude ou béryl vert), bleu (aigue-marine), rose (morganite), jaune doré (héliodore), rouge (béryl rouge, très peu utilisé) et incolore (goshénite)
- Dureté : 7,5-8 sur l’échelle de Mohs
- Provenances réputées : Brésil, Madagascar, États-Unis, Russie et Ukraine
Étymologie, histoire et légendes
Le béryl est l’un des plus anciens minéraux connus sur Terre. Le mot béryl vient du grec beryllos, signifiant brillant. Il a donné lieu au terme allemand « brille », c’est-à-dire « lunette » et « bésicles » en français. Autrefois, le béryl était en effet uniquement considéré pour sa matière transparente et incolore, dont la dureté permettait de le tailler et de fabriquer des verres optiques. D’après Pline l’Ancien, l’empereur Néron avait ainsi pour habitude de regarder les combats de cirque à travers un verre poli, tel un précurseur de nos jumelles actuelles. La qualité de loupe du minéral encouragea également son utilisation sur des ostensoirs et des reliquaires. Ce n’est qu’à partir du XIXe siècle que le terme « béryl » regroupera toutes les variétés de l’espèce.
Les différentes variétés de béryl ont des noms plus ou moins évocateurs. Ainsi, la racine grecque signifiant « don du soleil » de l’héliodore rappelle sa couleur jaune doré ; le nom « aigue-marine » est issu du latin aqua marina, qui fait écho aux multiples nuances bleues et reflets d’eau de mer de la pierre. Le nom morganite est un hommage au célèbre banquier et collectionneur John Pierpont Morgan, et la goshénite tire son nom du premier gisement dudit minéral découvert à Goshen dans le Massachusetts, aux États-Unis.

Couleurs et utilisations
Le béryl s’organise en anneaux de silice empilés et reliés par du béryllium et de l’aluminium. La substitution de ce dernier élément par un autre élément de même taille détermine la couleur du béryl et donc sa variété.
La coloration bleue, jaune ou verte dépend par exemple de la concentration en fer Fe2+ et Fe3+. On distingue aussi les pierres colorées par le fer – l’héliodore jaune doré ou le béryl vert – de celles colorées par le manganèse – l’aigue-marine, la morganite rose et le béryl rouge. La teinte des émeraudes, en revanche, est issue du chrome et/ou du vanadium. La goshénite correspond à la variété incolore de béryl, dont la composition chimique ne présente aucun élément colorant.
La disposition des atomes fournit des emplacements vides où peuvent se loger un certain nombre d’éléments étrangers, d’où une différence de densité entre les diverses variétés de béryl.
La qualité d’un béryl est traditionnellement déterminée par sa pureté et l’intensité de sa couleur. Les aigues-marines d’un bleu lumineux et franc sont ainsi particulièrement prisées, de même que les morganites rose pêche, ainsi que les héliodores jaune doré.
Les béryls peuvent présenter des inclusions deux phases, des tubes parallèles allongés ou des voiles de fines gouttelettes.

L’émeraude et le béryl vert
Alors même qu’elle est, tout comme le béryl vert, une variété verte de béryl, l’émeraude est considérée comme une pierre précieuse et non comme une pierre fine. Il existe deux raisons principales à cela : la rareté de l’association béryllium, chrome et/ou vanadium qui la caractérise, et une histoire à part. Cette gemme est en effet particulièrement admirée depuis l’Antiquité, par Cléopâtre notamment. La découverte des gisements de Colombie à la fin du XVe siècle a par ailleurs révélé l’existence d’émeraudes d’une qualité exceptionnelle, contribuant ainsi à leur renommée internationale.
L’émeraude et le béryl vert sont par ailleurs colorés pas des éléments différents, comme expliqué plus haut. En conséquence, leurs spectres de saturation diffèrent : un béryl vert présente toujours des tonalités claires, là où les émeraudes peuvent se teinter de vert clair à vert profond. La couleur lumineuse et délicate du béryl vert fait de cette pierre une gemme très appréciée en joaillerie.


Formation
Les béryls se trouvent dans des pegmatites granitiques, des roches se formant à la périphérie de grandes masses de roche fondue, autrement dit de magma, à la fin de leur solidification en granit. Pendant que le magma résiduel cristallise à des températures d’environ 1 000 °C, formant par la même occasion des minéraux communs comme les quartz et feldspaths, une fraction fluide aqueuse va s’en extraire. C’est cette matière fluide, riche en éléments rares, qui va former des minéraux de qualité gemme comme le béryl. Piégée dans des cavités, soumise à une augmentation de la pression, elle cristallise à partir de 600 °C. Les cavités se situent à faible et moyenne profondeur (jusqu’à 7 km) et sont présentes dans moins de 1 % des pegmatites, ce qui participe au caractère exceptionnel des béryls. Parce qu’elles leur offrent l’espace nécessaire pour croître sans entrave, les cavités rendent possible un très haut degré de perfection des béryls. Par ailleurs, le fluide extrait du magma peut se retrouver en inclusion dans les pierres.
La plupart des champs de pegmatites, comme ceux du Brésil, du Mozambique et de Madagascar, sont âgés de 500 à 550 millions d’années. Quelques pegmatites plus récentes, comme celles situées dans le sud de la Californie, se sont formées il y a environ 100 millions d’années. Celles de l’île d’Elbe, en Italie, ont environ 6,2 millions d’années.
Du fait de leur bonne résistance, les béryls peuvent se rencontrer dans des gisements secondaires (hors de la roche où ils sont nés). Ils peuvent s’accumuler lors du démantèlement de la pegmatite, en surface, sous l’action de l’eau, des racines et des bactéries, donnant lieu à des gisements éluviaux (altération des pegmatites sans transport). Au cours du démantèlement, ils peuvent aussi être transportés par les cours d’eau et constituer des gisements alluviaux (altération des pegmatites avec transport).

Gisements
Les gisements de béryls ont des localisations très variées. Les principaux producteurs de béryls sont le Brésil, Madagascar, les États-Unis, la Russie et l’Ukraine.
Tandis que le béryl vert est extrait des gisements habituels cités ci-dessus, le béryl rouge ne se trouve qu’à un seul endroit : les montagnes Wah Wah dans l’Utah, aux États-Unis. La production est faible et les pierres sont de petite taille (inférieure à 1 carat).
Bien qu’on en extraie aussi bien au Brésil qu’à Madagascar, au Nigeria ou au Pakistan, l’aigue-marine est devenue l’une des pierres emblématiques du pays d’Amérique du Sud. Les principaux gisements (Santa Maria, Pedra Azul, San Tereza, Medina, Cercadinho, Fortaleza) se situent majoritairement dans les vallées du Rio Doce et du Rio Jequitinhonha, dans l’État du Minas Gerais. Les premières expéditions et découvertes de gemmes dans cette région datent du XVIe siècle. Cependant, il fallut attendre 1910 et la découverte du cristal d’aigue-marine de Papamel, de 110,5 kg, pour qu’une réelle exploitation soit mise en place. Sa cristallisation parfaite, son poids exceptionnel, sa couleur bleu-vert et son prix de vente ont en effet fortement alimenté l’attrait pour cette gemme et dynamisé la production.
Les aigues-marines adoptent des couleurs bleues sensiblement différentes selon leur gisement. Les plus belles, d’un bleu presque intense, sont les rares Santa Maria, Santa Maria Africana (Mozambique) et Tatu ; les Pedra Azul et San Tereza sont moins intenses. Les Sao Domingo ont la couleur bleu pâle dite « normale », les Bauchi (Nigeria) sont plus pâles avec de légères nuances de jaune et les Boca Rica ont du vert.

La morganite a été découverte au début du XXe siècle à Madagascar. Les pierres de la meilleure qualité, c’est-à-dire d’une belle couleur rose pêche, proviennent encore de cet endroit. On trouve également des morganites au Brésil (Minas Gerais), aux États-Unis et au Pakistan. La mine de Corrego do Urucum, au Minas Gerais, est celle qui a fourni le plus grand nombre de morganites.
Outre le Brésil d’où il est majoritairement extrait, on trouve de l’héliodore aux États-Unis, en Russie, à Madagascar et en Namibie.

Conseils d’entretien
Le béryl est une pierre relativement tendre et doit être traité avec soin.
