
Quartz violet, l’améthyste a de tout temps été employée par Cartier. Parmi les créations les plus emblématiques, un collier réalisé en 1947 pour la duchesse de Windsor.
- Groupe : quartz
- Couleur : violet léger à soutenu, tirant très légèrement sur le rouge
- Dureté : 7 sur l’échelle de Mohs
- Densité : 2,65
- Provenances : Brésil et Madagascar
La pierre des dieux, le talisman des rois
Variété spécifique de quartz, l’améthyste enchante par la multiplicité de sa teinte due à la présence de fer. Sa couleur varie d’un mauve léger, voire lilas, jusqu’à un violet rougeoyant.
Chargée de symboles et de mythes, elle tient son nom d’une jeune nymphe que la déesse Diane avait transformé en cristal pur et clair afin de la protéger des convoitises de Bacchus. Par rage, le dieu de l’ivresse aurait alors projeté le vin contenu dans sa coupe sur la belle Améthyste pétrifiée, ce qui lui octroya cette couleur si caractéristique.
Ainsi reconnue comme la pierre de la tempérance, réputée préservant de l’ivresse des sens et de l’esprit, l’améthyste s’affirme également comme un puissant talisman. Elle éloignerait maladie et malchance, attirerait richesse et bonheur. Convaincus de ses pouvoirs de protection, les rois de France en firent sertir le fourreau de l’épée dite de Charlemagne – l’une des principales regalia utilisées lors du sacre des souverains et qui est désormais exposée au musée du Louvre, à Paris.
Selon la tradition, l’améthyste est également l’emblème de l’humilité et de la sagesse. Aussi orne-t-elle depuis l’époque médiévale les anneaux épiscopaux des princes de l’Église.
Cartier et l’améthyste
L’améthyste est une pierre récurrente dans la production de Cartier.
Déjà dans les années 1850, Louis-François Cartier, fondateur de la Maison, commercialise une parure, aujourd’hui conservée dans la Collection Cartier, sur laquelle règnent d’impressionnantes améthystes facettées de formes ovale et poire. La gemme est employée dans les décennies qui suivent par petites touches sur des créations joaillières et pour la réalisation d’objets précieux, à l’instar d’un lapin sculpté au regard de rubis datant de 1904.


Pierre de naissance de Nelly Harjes, épouse de Jacques Cartier, l’améthyste est placée au centre d’une broche à la signification intime acquise par celui-ci vers 1933. D’une grande intelligence chromatique, la pièce est ornée de quatre motifs carrés pavés de diamants, symbolisant ses enfants, et dont les bordures en saphir font référence à Jacques.
C’est avec Jeanne Toussaint que l’améthyste prend une nouvelle ampleur. Renouvelant la palette de la Maison en poursuivant l’exploration de nouvelles alliances chromatiques, Jeanne convoque une multitude de pierres fines qui, sublimées par l’art de Cartier, deviennent bijoux précieux. Cecil Beaton, apôtre du raffinement de son temps, confirme dans son livre The Glass of Fashion que « Mademoiselle Toussaint […] travaille de préférence sur les […] saphirs jaunes, des tourmalines, des améthystes, du corail, des aigues-marines, [avec lesquels] elle crée des combinaisons de couleurs comme on n’en avait vu avant elle que dans les bijoux des Indes ». Un des meilleurs témoignages de cette créativité est, parmi d’autres, le bracelet menotte bordé de citrines et vissé d’améthystes exécuté en 1939.


Joaillier de la faune et de la flore, Cartier imagine à la même époque des bijoux fleurs, à l’exemple d’une broche orchidée fantaisiste aux pétales sertis d’améthystes et d’aigues-marines dans une harmonieuse consonance de couleurs. En parallèle, la gemme s’invite dans la volière de la Maison, en figurant le corps d’un oiseau d’or jaune à la tête de turquoise.
Dans les années d’après-guerre, comme pour éloigner le spectre des temps éprouvants, les bijoux se font joyeux. L’améthyste est notamment désignée pour incarner l’allégresse retrouvée et séduit alors les femmes les plus élégantes. Le collier commandé par la duchesse de Windsor en 1947 offre un beau témoignage de cette gaieté joaillière, de même qu’un second vendu six années plus tard à Daisy Fellowes, façonné en or tressé et magnifié de quarante-deux boules d’améthyste rehaussées de cabochons de turquoise. Améthyste et turquoise… L’association de pierres fines est aussi audacieuse qu’explosive, si bien qu’on la retrouve jusque dans les années 1970, sans qu’elle ne perde rien de sa fraîcheur.


Jamais délaissé depuis par Cartier, le fameux quartz violet ravit les collections contemporaines de la Maison. On le retrouve sur des bracelets Love ou au cœur d’une bague Trinity. L’améthyste offre aussi depuis le tournant des années 2010 une nouvelle expression d’elle-même magnifiée par l’art d’un glypticien qui la sculpte avec virtuosité en pétales d’orchidées, sur une bague aux motifs en volutes surmontée d’un imposant cabochon ou encore en sautoir convoquant une myriade de boules de calcédoine et d’améthyste harmonisées en camaïeu.

