
Pionnier brésilien de l’aviation, Alberto Santos-Dumont (1873-1932) était à la fois un client de la Maison et un proche de Louis Cartier, qui créa pour lui la célèbre montre qui porte désormais son nom.
Les premières années au Brésil
Né en 1873 à Palmira au Brésil – ville depuis rebaptisée en son hommage –, Alberto Santos-Dumont est le fils de Francisca dos Santos, une aristocrate brésilienne, et de Henrique Dumont, un ingénieur d’origine française. Il passe son enfance au Brésil sur la plantation de café de son père, à l’origine de la fortune familiale. C’est sans doute inspiré par les engins agricoles, qu’il apprend à réparer dès son plus jeune âge, et par les romans d’aventures de Jules Verne que Santos-Dumont se prend de passion pour les machines et la mécanique. Il suit un temps des études à l’École des mines d’Ouro Preto. Alors qu’il entre dans sa dix-huitième année, son père est victime d’un grave accident de cheval et décide, en 1891, de vendre ses propriétés et de quitter l’Amérique du Sud pour Paris. Le jeune homme retourne brièvement vivre au Brésil en 1896, puis s’installe définitivement en France en 1898.

Pionnier de l’aviation moderne
La tour Eiffel domine le paysage urbain depuis seulement quelques années, les premières automobiles parcourent les avenues haussmanniennes, les avant-gardes artistiques bouleversent les conventions établies. Paris, à la fin du XIXe siècle, en plein cœur de la Belle Époque, est un terrain fertile aux expérimentations d’Alberto Santos-Dumont. Tout aussi passionné qu’inventif, ce dernier met la fortune héritée de son père au service de son ambition dans le domaine de l’aviation. Pionnier dans ce domaine, il cumule les exploits aéronautiques en ne cessant de se lancer de nouveaux défis. Après une première ascension marquante accompagnée de l’ingénieur français Alexis Machuron, Santos-Dumont décide de faire créer le plus petit ballon libre du monde.

Le Brazil est inauguré en 1898 lors d’un vol qui dura presque cinq heures. Suite à ce premier succès, et néanmoins frustré par les limitations de l’appareil, notamment l’impossibilité de l’orienter, l’aviateur se lance dans l’aventure du dirigeable. En mars 1901, après de très nombreux essais, il marque l’histoire par une première mondiale : il parcourt environ 45 kilomètres en quatre heures autour de Paris à bord de son dirigeable no 5. Quelques mois plus tard, il remporte le prix créé par l’industriel Henry Deutsch de la Meurthe en couvrant la distance entre l’aérodrome de Saint-Cloud et la tour Eiffel en moins de trente minutes.
Infatigable inventeur et visionnaire, Alberto Santos-Dumont pressent que l’avenir de l’aviation se trouve dans un autre type d’appareil : l’aéroplane, ou « plus-lourd-que-l’air » selon l’expression inventée par Nadar pour décrire les machines volantes par opposition aux ballons. Parmi ses plus grands succès se trouve notamment l’aéroplane 14 bis, avec lequel il remporte plusieurs compétitions. C’est à bord de cet appareil que l’héritier brésilien effectue l’un des premiers vols officiels et contrôlés d’un appareil à moteur. En novembre 1906, il établit également le premier record du monde d’aviation en parcourant environ 220 mètres en 21,2 secondes à une altitude oscillant entre 2 et 5 mètres et à environ 40 km/h, un exploit jamais vu auparavant.

L’année suivante, Santos-Dumont se distingue avec la Demoiselle, le premier avion léger de l’aéronautique. Il s’agit du dernier appareil qu’il conçoit et pilote avant de cesser son activité d’aviation.
La naissance de la montre Santos
La date exacte de la rencontre d’Alberto Santos-Dumont et de Louis Cartier n’est pas établie avec certitude quoique leur amitié, elle, soit certaine. S’ils fréquentent le même cercle mondain – Santos-Dumont est un hôte reconnu – et partagent un goût pour l’élégance, les deux hommes ont surtout en commun une passion pour la modernité et les inventions technologiques de leur siècle.

Esthète et lui aussi visionnaire, Louis ouvre de nouvelles voies créatives à la Maison, notamment dans le domaine de l’horlogerie, et n’hésite pas à s’emparer du problème rapporté par Santos-Dumont. Ce dernier lui aurait fait part de sa difficulté à lire l’heure pendant ses vols sur sa montre de gousset traditionnelle, devant lâcher les manettes pour sortir la pièce de sa poche.
En réponse, Cartier imagine pour lui en 1904 une montre dont le cadran est immédiatement visible, même lorsque l’aviateur est aux commandes de ses machines : la montre Santos. Il s’agit de la première montre moderne, spécifiquement dessinée pour être portée au poignet, véritable tournant de l’histoire de l’horlogerie.
