
Variété de béryl dont le nom évoque la mer, l’aigue-marine est depuis l’Antiquité une pierre recherchée en joaillerie pour sa pureté et la douceur de sa couleur.
- Groupe : béryl
- Composition chimique : silicate d’aluminium et de béryllium
- Couleur : bleu, parfois bleu-vert
- Dureté : 7,5-8 (échelle de Mohs)
- Provenances principales : Brésil, Madagascar, Mozambique, Asie
Étymologie, histoire et légendes
Le terme « aigue-marine » est introduit au XVIe siècle par Boèce de Boodt et provient du latin aqua marina signifiant « eau de mer », en relation à la couleur de la pierre.
Les gemmes antiques dénommées « béryl » devaient être en majorité des aigues-marines, car la couleur bleu clair est la plus fréquente.
Le béryl a un effet grossissant, ce dont témoigne l’histoire : d’après le récit de Pline l’Ancien, Néron regardait les combats du cirque à travers un béryl poli, lequel est certainement un des ancêtres de nos si utiles lunettes, autrefois nommées « bésicles » ou « brille » en allemand, dérivés du nom patronymique du cristal. C’est également pour ses qualités de transparence et de loupe que le béryl fut longtemps utilisé pour les ostensoirs et les reliquaires.
L’aigue-marine était traditionnellement la pierre des fiançailles, car symbole de fidélité entre jeunes mariés. Les marins conféraient à cette pierre la propriété de les protéger des dangers de la navigation.
L’apparition, plus tardive, d’autres pierres bleues, comme les topazes ou les tanzanites, n’a pas écorné la réputation de l’aigue-marine.
Pierres célèbres
Plusieurs musées célèbrent des aigues-marines aux dimensions exceptionnelles, tel le spécimen de 2 594 carats exposé à Los Angeles. Un autre est mis en avant à la Smithsonian Institution à Washington, le « Most Precious », aigue-marine facettée rectangulaire de 1 000 carats. Au Kunsthistorisches Museum de Vienne se trouve également une aigue-marine facettée ovale de 492 carats montée en objet au début du XIXe siècle. Parmi les pierres antiques les plus connues, citons une célèbre intaille représentant le profil de Julie, fille de l’empereur Titus, exposée à la Bibliothèque nationale de France.

Couleurs et utilisation
Les nuances de l’aigue-marine s’étendent du bleu très clair, presque indiscernable (souvent dans les petites pierres), au vert intense en passant par le bleu soutenu. Dès lors qu’il n’y a plus de bleu dans la teinte verte, la pierre prend l’appellation de « béryl vert ».
L’aigue-marine est appréciée lorsqu’elle est d’une grande pureté et d’une couleur bleue franche, ni trop claire ni trop foncée. Ce type de teinte se rencontre principalement dans des aigues-marines de 20 à plus de 100 carats, le plus souvent de forme rectangulaire à pans coupés. La présence de canaux dans la matière peut générer des phénomènes d’astérisme ou de chatoyance dans des pierres plus ou moins opaques. Ces gemmes à effet se prêtent particulièrement bien aux créations contemporaines.
D’un bleu parfaitement équilibré et sans sous-teinte, les aigues-marines de la mine Santa Maria, au Brésil, dont la production est aujourd’hui épuisée, restent les pierres les plus cotées.
L’aigue-marine s’utilise préférentiellement en taille émeraude de grande dimension.

Formation
Les aigues-marines de qualité gemme se rencontrent principalement dans des pegmatites, des roches se formant à la périphérie de grandes masses de roche fondue, autrement dit de magma, à la fin de leur solidification en granite. Elles se caractérisent par de grands cristaux et parfois de grandes cavités cristallisées. Le béryl bleu est un minéral fréquent, mais n’est pas présent systématiquement. La plupart du temps, il est opaque et peut atteindre des dimensions de plusieurs mètres. Comme le béryl est un minéral peu altérable, on le trouve aussi dans des placers gemmifères résultant soit de l’altération en place (éluvions) des roches où se sont formées les pierres, soit de l’altération de ces mêmes roches suivie du transport par l’eau des rivières et du dépôt des sédimentations (alluvions). Bien souvent, le béryl a subi une oxydation pendant l’altération de la roche-hôte et a acquis une couleur plus ou moins verte ou jaune.

Gisements
Amérique du Sud : L’aigue-marine est une des pierres emblématiques du Brésil. Les principaux gisements – Santa Maria (mythique et aujourd’hui épuisée), Pedra Azul, San Teresa, Medina, Cercadinho, Fortaleza– se situent majoritairement dans l’état du Minas Gerais.
Afrique : De nouveaux gisements ont été découverts récemment en Afrique, en particulier au Nigeria, en Namibie, au Mozambique et à Madagascar, offrant des gemmes d’un beau bleu assez prononcé qui peuvent donner lieu, sur les rapports gemmologiques, à l’appellation aigue-marine de type « Santa Maria »
Asie : Le Vietnam, avec le district Luc Yên et d’autres localités de la région de Yên Bái, est un pays producteur assez récent de pierres de belle qualité.
D’autre pays comme la Chine, le Malawi, l’Inde, l’Ukraine et la Russie sont des sources historiques ou en devenir.
Certificat et origine
L’aigue-marine donne lieu à certification avec ou sans origine suivant les cas.
L’origine d’une pierre ne garantit pas la qualité de la gemme, bien qu’elle soit un critère reconnu de valeur.
Il est d’usage d’indiquer sur les certificats gemmologiques les provenances par pays. Les gisements n’y figurent que rarement.
Conseils d’entretien
Le béryl est une pierre relativement tendre et doit être traité avec soin. Par ailleurs, l’aigue-marine craint la chaleur, qui peut modifier sa couleur.
