
Figure majeure de la littérature américaine du XXe siècle ayant acquis une renommée internationale, Truman Capote (1924-1984) se caractérise aussi par sa passion pour les montres Cartier, les modèles Tank et Santos notamment.
Truman Streckfus Persons est né le 30 septembre 1924 à La Nouvelle-Orléans. Pour échapper à la vie tumultueuse que mènent ses parents, il est très tôt confié à ses tantes et grandit dans une ferme en Alabama. En 1932, sa mère se remarie. Deux ans plus tard, le jeune Truman est adopté par son beau-père, José García Capote, et change de nom de famille. C’est à cette même époque qu’il commence à écrire. Enfermé dans sa chambre, il travaille sa plume tous les jours et s’impose des exercices pointus.
À l’âge de 17 ans, Truman Capote compte déjà plusieurs nouvelles à son actif. Il devient pigiste pour le journal The New Yorker et envoie en parallèle ses écrits aux magazines Harper’s Bazaar et Mademoiselle. Son premier roman, Les Domaines hantés, est publié en 1948. Aidé par les critiques et une couverture intrigante, sur laquelle figure une photo de l’auteur, air juvénile et regard frondeur, l’ouvrage devient rapidement un best-seller.
Avec son compagnon des trente années suivantes, Jack Dunphy, lui aussi homme de lettres, Truman Capote parcourt le monde et profite de cadres idylliques pour coucher sur le papier d’autres récits à succès : Miriam, La Harpe d’herbes, mais aussi le célèbre Petit déjeuner chez Tiffany. En parallèle de son ascension au sein du microcosme littéraire américain, l’auteur prend goût aux récits journalistiques et au travail inhérent de retranscription des faits.
Ses publications donnent lieu à la création d’un nouveau genre littéraire, appelé « roman de non-fiction ou de vérité ». Loin de faire l’unanimité à l’époque, ce style sera pourtant à l’origine de la renommée internationale de son instigateur.
En novembre 1959, très intrigué par la nouvelle d’un obscur quadruple homicide relaté dans les pages du New York Times, l’écrivain entame la rédaction de son plus gros succès littéraire, De sang-froid. Sur place, dans les profondeurs du Kansas, il suit l’enquête, rencontre les policiers en charge de l’affaire, les proches des victimes, les accusés. Le récit n’est publié que six années plus tard et sera considéré comme l’un des livres les plus influents de la seconde moitié du XXe siècle. Truman Capote n’en fut cependant pas moins profondément bouleversé par cette histoire macabre.
Sa nouvelle popularité lui sert d’échappatoire. Il multiplie les apparitions dans les talk-shows et se jette avec entrain dans la vie mondaine, en organisant par exemple l’une des soirées new-yorkaises les plus mythiques, le Black and White Ball de novembre 1966. Il joue de sa singularité, dandy à la voix haut perchée, et est bientôt considéré comme le « Cocteau des États-Unis » : brillant, fantasque et plein d’esprit. Autour de lui se regroupent les femmes les plus en vue de la bonne société, riches héritières ou « épouses de » : Babe Paley, Lee Radziwill, Barbara Hutton, C. Z. Guest, Marella Agnelli, Gloria Guinness. Elles sont fascinantes, habillées en Givenchy ou en Balenciaga, richement parées, notamment de créations Cartier. Truman Capote les appelle ses « cygnes ».


L’écrivain étant devenu membre à part entière des beautiful people, son espièglerie est immortalisée tour à tour par sir Cecil Beaton, Elliott Erwitt ou Slim Aarons. Sur ces clichés se détache souvent un accessoire : une montre Cartier, Tank ou Santos, indiscutable symbole d’élégance. À un journaliste du magazine Esquire venu l’interviewé et dont il apprend que c’est l’anniversaire, Truman Capote aurait lancé, en lui tendant sa propre montre Tank : « Enlevez donc cette montre affreuse que vous portez et mettez celle-ci ! » Le journaliste, embarrassé, commence par refuser, avant que l’auteur ne renchérisse : « Gardez-la, j’insiste, j’en ai au moins sept autres à la maison ! »
La carrière de Truman Capote marque le pas à la fin des années 1960, freinée par un mode de vie destructeur. En 1975, le magazine Esquire publie cependant des extraits du nouveau roman sur lequel il travaille avec acharnement depuis quelque temps, Prières exaucées. À la lecture de ces bonnes feuilles, le gotha new-yorkais est horrifié : leur auteur s’est très largement inspiré de la vie privée de ses amis et n’hésite pas à révéler leurs secrets les plus indicibles. La jet-set lui ferme brutalement ses portes. Le trublion américain disparaît alors peu à peu de la scène publique, avant de s’éteindre en 1984, laissant derrière lui un héritage littéraire considérable et une collection de montres Cartier tout aussi remarquable.
