Marjorie Merriweather Post

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Femme d’affaires et philanthrope américaine, Marjorie Merriweather Post (1887-1973) se distingue par son goût pour les objets d’art, l’antiquité et le XVIIIe siècle français. Collectionneuse de joaillerie, elle est l’une des plus éminentes clientes de Cartier New York.

Marjorie Merriweather Post est née le 15 mars 1887 à Springfield, dans l’Illinois. Son père, d’abord vendeur de machines agricoles, fait fortune dans l’industrie céréalière en découvrant une composition nutritive à base de blé, mélasse et son, première expérimentation du muesli. Il forme rapidement sa fille aux affaires, l’emmenant lors de déplacements professionnels. De santé fragile, celui-ci meurt lorsqu’elle est âgée de 27 ans, faisant d’elle l’unique héritière de l’entreprise familiale et la femme la plus riche de son pays. À sa tête, elle anticipe les changements de comportements liés aux évolutions sociales, comme l’émancipation des femmes, développant notamment les produits surgelés afin de leur faire économiser du temps en cuisine. Elle assurera ses fonctions de direction jusqu’en 1958, accompagnant la transformation de la société en la puissante General Foods Corporation.

Membre de la Café Society, elle fréquente amateurs d’art et grands collectionneurs. Elle est notamment initiée aux arts du XVIIIe siècle par le marchand britannique Sir Joseph Duveen, étudie les tapisseries au Metropolitan Museum of Art de New York et s’intéresse également à la production artistique amérindienne.

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Avec son troisième mari, Joseph E. Davies, ambassadeur des États-Unis à Moscou, elle se rend en Russie pour la première fois. Elle s’y découvre une passion pour l’art orthodoxe alors que l’Union Soviétique amorce une campagne de démantèlement des édifices religieux. Sensible à la préservation de ce patrimoine, elle accumule près de 200 objets décoratifs et ornements liturgiques, comme autant de témoignages de la Russie des tsars : icônes votives, calices, vêtements de cérémonie…

En 1955, elle s’installe à Hillwood, une propriété aux abords de Washington dont elle conçoit l’intérieur à la fois comme un lieu de vie et un espace d’exposition. Transformé en musée conformément à ses volontés, Hillwood abrite aujourd’hui l’un des ensembles d’arts décoratifs les plus importants des États-Unis, comptant par exemple des boiseries et du mobilier français du XVIIIe siècle. Lorsque Mrs Post y réside, elle organise régulièrement dîners mondains et soirées caritatives. Hôtesse de maison exemplaire, elle veille à dresser des tables élégantes surmontées d’un service impérial russe, de nappes brodées et d’argenterie.

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Marjorie Merriweather Post, grande cliente de Cartier New York

Dotée d’un œil sûr, Marjorie Merriweather Post se révèle également une amatrice avertie de gemmes et de joaillerie. Elle passe d’ailleurs pour être l’une des plus importantes clientes de Cartier New York du XXe siècle. L’une de ses plus majestueuses commandes est une broche d’épaule élaborée en 1928, composée de sept émeraudes mogholes du XVIIe siècle gravées totalisant 250 carats, réalisée à partir d’un pendentif imaginé par Cartier Londres en 1923.

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Dans les années 1940 et 1950, les créations Cartier témoignent des recherches esthétiques de la Maison sur le volume et les associations de matières. Les couleurs des pierres et des métaux se mélangent, proposant ainsi une palette audacieuse. Le collier en or jaune, améthyste et et turquoise de Marjorie Merriweather Post datant de 1950 illustre parfaitement cette tendance. Une combinaison chromatique que la duchesse de Windsor fut la première à oser avec un collier Cartier aux pierres similaires, créé en 1947. La passion pour la joaillerie de Mrs Post l’amène également à posséder des pièces de prestige, aujourd’hui conservées à la Smithsonian Institution de Washington.

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À la fin des années 1920, par l’entremise de Cartier, elle avait ainsi fait l’acquisition d’une paire de pendants d’oreilles en diamant poire, qui aurait été trouvée dans la poche de Marie-Antoinette lors de son arrestation à Varenne. Elle la fera modifier par la Maison.

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Chez Cartier New York, Marjorie Merriweather Post se fournit également en accessoires et plus particulièrement en cadres. Elle constitue d’ailleurs une véritable collection de plus de 100 pièces : chaque création est savamment associée à un portrait, photographique ou peint, et son design est pensé pour lui correspondre au mieux et mettre en valeur son sujet et ses couleurs. Les cadres commandés dans les années 1920 – en agate, émail ou onyx, rehaussés de pierres de couleur – sont particulièrement remarquables.

L’un de ces cadres et de nombreuses pièces de la famille Post ont été dispersés par une maison de vente en décembre 2017, à la demande de la fille d’Antal Post de Bekessy, arrière-petite-fille de Marjorie Merriweather Post. Les 700 lots présents − mobiliers, peintures, sculptures et objets – témoignent de l’intérêt familial pour la création et la culture, une collection entamée au début du XXe siècle par la femme d’affaires et socialite.