
Qu’ils soient placés en majesté, ornent les remontoirs des montres-bracelets ou décorent les accessoires précieux, les cabochons sont emblématiques du vocabulaire stylistique de la Maison depuis plus d’un siècle.
Une taille ancienne et emblématique de la Maison
Le mot « cabochon » désigne une pierre polie plutôt que facettée, généralement ronde ou ovale, dont le dessous est le plus souvent plat et la surface bombée, selon une courbe plus ou moins prononcée. Si son volume est particulièrement conique, la pierre est alors appelée « pain de sucre », un type de cabochon très prisé des connaisseurs. Bien qu’il s’agisse d’une taille très ancienne, elle n’a cessé d’éveiller l’intérêt des joailliers à travers les époques.

Chez Cartier, les pierres taille cabochon se sont imposées depuis plus d’un siècle comme une composante stylistique importante. Probablement inspirées par la joaillerie russe, elles font une première apparition dans la Maison sur des objets décoratifs en émail au début du XXe siècle. Des saphirs taille cabochon soulignent par exemple les lignes d’un dessin ou ornent les angles et fermoirs de nécessaires.
Une signature joaillière
Les pièces horlogères d’influences russes sont elles aussi serties de cabochons dès cette époque. Ceux-ci décorent les pendules tout comme les remontoirs de montres de poche et de montres-colliers. Le cabochon se retrouve également sur des montres-bracelets créées autour de 1906 ainsi que sur certains des premiers modèles de la montre Tonneau. Il s’impose alors rapidement comme une signature joaillière de l’horlogerie Cartier. À partir de 1919, date de commercialisation de la montre Tank, le saphir taille cabochon devient un ornement récurrent et emblématique des garde-temps de la Maison.


Tout au long des années 1920 et 1930, les cabochons sont aussi une ponctuation de prédilection pour les accessoires. Sur les stylos, les rasoirs, en décor sur les étuis à cigarette ou encore sur les fermoirs de sacs, ils enrichissent les objets d’une présence joaillière.


D’hier à aujourd’hui, le cabochon chez Cartier
En joaillerie, les années 1910 et la période Art déco – dont Cartier est un précurseur – accordent une place importante aux pierres facettées et calibrées, qui permettent des créations aux lignes épurées alors en vogue. Néanmoins, les formes rondes sont parfois serties en pierre de centre, notamment les cabochons. Ces derniers apportent ainsi une tension, un effet dynamique aux pièces à dominante géométrique. Ils sont également très usités dans des compositions chromatiques inédites. Par petites touches, émeraudes, rubis, onyx et toutes sortes de pierres fines rehaussent les nouvelles palettes de la Maison, à la fois vives et équilibrées.
Les cabochons conservent aussi une place privilégiée pour les pièces inspirées par les cultures du monde, très appréciées à l’époque. Leur aspect organique se prête aux compositions de pierres de couleurs faisant écho à l’Inde, plus tard nommées Tutti Frutti, à l’interprétation de motifs asiatiques – comme les vases chinois ou le phénix – ou encore à la ponctuation de dessins d’influence persane.

À partir de la décennie 1930, la Maison renoue plus encore avec la figuration. Les cabochons sont alors choisis pour les créations inspirées de la faune et de la flore. Jeanne Toussaint, nommée directrice de la création en 1933, les utilise notamment pour représenter le corps des oiseaux, l’un de ses thèmes de prédilection, tant pour ses symboliques que son potentiel graphique.

Dans un registre plus stylisé, elle sublime également les pierres rondes pour des pièces très sculpturales. Foisonnement, richesse de la palette chromatique, volume amplifié… souvent alliés à l’éclat solaire de l’or jaune, les cabochons sont une réponse idéale pour les compositions généreuses et architecturales, qui ne sacrifient rien à la fluidité et au confort du porté.

Aujourd’hui, les cabochons se retrouvent pour de nombreuses créations, entre hommage à l’héritage stylistique de la Maison et interprétations inédites. Placés en majesté pour des bagues de haute joaillerie, ils sont également convoqués à foison pour les bijoux naturalistes de la collection Cactus de Cartier ou encore placés en ponctuation de créations néo-Art déco très graphiques.
