Opale

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L’opale, le plus souvent taillée en cabochon, est immédiatement reconnaissable à son camaïeu de couleurs juxtaposées dans des nuances changeantes selon l’orientation de la pierre. Bleu franc ou bleu-violet, orange, jaune, vert-jaune ou vert-bleu… une palette incomparable, sublimée par Cartier au sein de créations explosives de couleurs.
  • Groupe : opale. On distingue l’opale noble, qui présente des jeux de couleurs, de l’opale commune, qui ne possède qu’une couleur de fond.
  • Composition chimique : silice (dioxyde de silicium) hydratée
  • Transparence : transparent à opaque, essentiellement translucide
  • Couleur : jeux de couleurs jaune vif, orange, vert, bleu, rouge ou violet
  • Dureté : 5,5-6 sur l’échelle de Mohs
  • Provenances principales : Australie, Éthiopie, Brésil

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Étymologie, histoire et légendes

Le nom de l’opale aurait pour origine le mot sanskrit upala, signifiant « gemme » ou « pierre » précieuse. Plus près de nous, on trouve le latin opalus et le grec opallios.

L’appréciation de l’opale noble a beaucoup varié au cours du temps. Elle est connue en Europe dès l’Antiquité grâce aux gisements de Slovaquie. Pour les Grecs et les Romains, elle incarne une pierre bénéfique. On la dit porte-bonheur, signe d’espoir, bonne pour la vue, capable de rougir devant un ami ou bien de pâlir devant un ennemi. Toutefois, à la fin du Moyen Âge, l’opale devient la pierre des voleurs, car le pouvoir de rendre invisible lui est attribué.

De nombreuses légendes ont circulé sur l’opale. Pour les Grecs, les larmes de joie, pleurées par Zeus à la suite de sa victoire sur les Titans, se seraient transformées en opales en touchant le sol. Pour les Aborigènes d’Australie, cette pierre, appelée « serpent de l’arc-en-ciel », aurait été créée par le premier dieu en prenant les couleurs de l’arc-en-ciel. Une légende arabe voit également en elle des éclairs dont les feux auraient été emprisonnés dans la pierre.

En 1829 paraît le roman de Walter Scott, Anne of Geierstein: Or The Maiden of the Mist, publié en France sous le titre de Charles le Téméraire, dans lequel une opale a une réputation diabolique. Le succès du livre a pour conséquence de répandre l’opinion selon laquelle cette pierre porterait malheur. La croyance ne se généralise pas cependant, et l’opale s’établit comme l’une des pierres les plus appréciées en Allemagne, tandis qu’en Australie elle peut se targuer d’être, depuis 1993, la gemme nationale officielle.

Opales célèbres

La première opale célèbre est celle du sénateur Nonius : Marc Antoine (83-30 av. J.-C.), qui la convoitait, menaça de le proscrire s’il ne la lui donnait pas. Le sénateur préféra partir en exil… avec son opale.

Joséphine de Beauharnais, épouse de Napoléon Ier, possédait une opale baptisée « Incendie de Troie ». Ses 700 carats en faisaient la plus impressionnante opale de son époque. Elle a aujourd’hui disparu.

Durant le XXe siècle, il est devenu de plus en plus courant de donner un nom aux opales exceptionnelles. Parmi les plus belles et les plus importantes, citons le Pride of Australia de 225 carats ou encore l’Aurora Australis de 180 carats. L’opale dite « d’Andamooka » a été offerte à la reine Elizabeth II en 1954 et provient, comme les deux gemmes citées précédemment, d’Australie.

Couleurs et utilisations

L’opale se taille le plus souvent en cabochons plus ou moins bombés. Les formes peuvent être variées. Elles sont le plus souvent ovales, mais aussi rondes, poires, gouttes, etc.

On distingue dans l’opale noble la couleur de fond et les couleurs changeantes, dites aussi « jeux de couleurs ».

Elles sont le résultat de la diffraction de la lumière (déviation des rayons lumineux au voisinage des corps opaques) par les petites billes de silice empilées régulièrement, constitutives de la matière. Les jeux de couleurs varient selon la direction du regard ou l’orientation de la gemme. Le phénomène de diffraction ne doit pas être confondu avec celui d’opalescence, qui désigne le bleu laiteux de la couleur de fond de certaines opales.

On peut trouver l’opale sous diverses formes :

  • L’opale noble massive est entièrement constituée d’opale et négociée habituellement sous le nom seul d’«opale».
  • L’opale boulder est constituée d’une gangue traversée par des veines plus ou moins fines d’opale iridescente.
  • L’opale matrix est une forme d’opale où des plaques d’opale se présentent insérées dans la gangue et sont visibles en surface.

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L’évaluation des opales dépend des teintes prédominantes des jeux de couleurs.

Les opales les plus prisées sont les opales noires, qui présentent un mélange de feux bleus et verts auxquelles s’ajoutent, pour les plus rares, des feux rouges à orangés. Les opales sur fond clair présentent également des jeux de couleurs multiples.

L’opale de feu, d’une couleur de fond orangée, peut se rencontrer sous forme commune ou noble. La chaleur de sa couleur la rend attirante, bien que difficile à trouver dans de belles qualités.

Il est admis que de faibles quantités de roche mère puissent être visibles sous la pierre ou sur son pourtour et parfois en infimes quantités sur le dessus de la pierre.

Formation

L’opale n’est pas un minéral stricto sensu, mais un ensemble de matières minérales. Elle est composée de silice (dioxyde de silicium) et plus particulièrement de billes de silice sphériques empilées. La genèse de l’opale n’a été comprise que récemment ; elle découle de la proximité d’un environnement volcanique. Les opales sont exploitées principalement en Australie, dans des roches sédimentaires, ou au Mexique, dans des roches volcaniques.

Gisements

Les opales nobles proviennent principalement d’Australie, d’Éthiopie ou du Brésil. Les opales de feu, de couleur orange, sont quant à elles originaires du Mexique, d’Éthiopie ou de Madagascar.

Australie : Les gisements les plus célèbres se trouvent à l’est de l’Australie, dans le grand Bassin artésien et ses alentours. Les mines de Lightning Ridge sont fameuses pour leurs opales noires, celles de Cobber Pedy pour leurs opales blanches et celles d’Andamooka pour leurs opales cristal (très transparentes) et matrix.

Les champs d’opales du Queensland produisent des opales boulder avec une gangue de belle couleur marron et des dessins attrayants.

Éthiopie : Les gisements d’Éthiopie, dévoilés à la fin du XXe siècle, sont incroyablement productifs, en particulier ceux de Wello, à l’origine d’opales blanches plus ou moins cristal.

Autres : Les gisements mexicains produisent surtout des opales de feu (sous la forme d’opale commune transparente orangée) ; la production du Brésil est de belle qualité, mais peu connue ; les productions des États-Unis, ainsi que celles d’autres pays, sont marginales.

Certification et origine

Les rapports d’analyse des laboratoires de gemmologie peuvent ne pas préciser l’origine géographique des opales, laquelle n’est pas toujours déterminable.

Conseils d’entretien

L’opale nécessite d’être manipulée avec soin pour éviter rayures et égrisures. Elle ne supporte ni rhodiage, ni ultrasons, ni produits chimiques, ni trop grande chaleur.

Certaines opales sont hydrophanes. Elles ont en effet la capacité d’absorber les liquides, ce qui, en excès, les fragilise et les rend transparentes. Cartier veille à ne sélectionner que des opales testées en laboratoire pour se prémunir de ce risque.

Cartier et l'opale

Avec ses formes variées aux nuances vives et changeantes, l’opale appartient à cette catégorie de pierres singulières et intrigantes dont Cartier est épris. Assez peu utilisée avant le XXe siècle, elle se taille une place de choix sous la direction de Jeanne Toussaint, à la tête de la création de la Maison de 1933 à 1970. Sensible à son pouvoir d’évocation, cette dernière l’emploie sur de nombreuses pièces dont des broches animalières, figurant à merveille le plumage aux teintes bleu-vert d’un martin-pêcheur ou le corps irisé d’un poisson.

En parallèle de la découverte des gisements d’Éthiopie à la fin du XXe siècle, l’opale renforce son aura et accède chez Cartier au devant de la scène, placée en majesté sur des parures de Haute Joaillerie. La variété de ses formes organiques et de ses motifs continue d’inspirer le joaillier. Aussi joue-t-il avec le pouvoir de suggestion d’une opale boulder, sur une broche de 2018, pour représenter un caméléon et sa peau changeante, ou avec les inclusions caractéristiques de l’opale dendritique sur un collier suggérant un décor boisé en 2019.

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La Maison déploie également tous ses talents de coloriste et convoque une palette précieuse pour sublimer la gemme. Saphirs bleus et de couleur, émeraudes, tourmalines, grenats… les pierres font écho à ses riches nuances dans un fascinant feu d’artifice. Ces compositions chromatiques témoignent de la maîtrise de Cartier : tout est question d’équilibre, d’harmonie entre les teintes. Aussi la Maison imagine-t-elle, dans la lignée de ses premiers et audacieux accords de couleurs au tout début du XXe siècle, des associations aussi singulières que puissantes. Le violet et le bleu se mélangent au brun, rappelant la gangue de la pierre ; le turquoise côtoie le fuchsia ; le gris se fond dans des coloris pastel rose, jaune et mauve ; le vert se marie à l’orange.

Au milieu de ces combinaisons, une se distingue : le vert et le bleu. Imaginée par Louis Cartier dès le début du xxe siècle, à l’origine en émeraude et saphir, plus rarement en jade ou lapis-lazuli, elle est depuis devenue emblématique. Or l’opale noire, avec son mélange typique de nuances bleues et vertes, se prête particulièrement bien à la mise en valeur de cette palette. Nombreuses sont ainsi les créations de la Maison conçues autour de tels spécimens, présentant des réinterprétations inédites du fameux « décor de paon » – ainsi que Louis Cartier nommait cette association chromatique, en référence au plumage de l’oiseau.

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