Turquoise

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Gemme opaque, la turquoise a donné son nom à une douce nuance bleu-vert.
  • Composition chimique : phosphate d’aluminium de cuivre et de fer, contenant dans sa formule de l’eau (H2O)
  • Transparence : opaque
  • Couleur : du bleu clair au bleu-vert pâle
  • Dureté : 5 à 6 sur l’échelle de Mohs
  • Provenances principales : Iran, Afghanistan, Tadjikistan, États-Unis, Argentine, Chine

Étymologie, histoire et légendes

Le nom de la turquoise proviendrait des régions turques, très probablement des mines du Turkestan d’où étaient extraites, au XIVe siècle, les gemmes exportées vers l’Europe.

Symboliquement, la turquoise est réputée pour ses vertus bienfaisantes et protectrices. Un texte arabe du IIe siècle nous indique ainsi que cette pierre procurerait fortune et victoire.

Les Égyptiens l’appréciaient énormément et l’exploitaient dans les gisements du Sinaï dès le IVe millénaire avant notre ère. Ces gisements ont par la suite été oubliés durant trois millénaires.

En Iran, la turquoise est historiquement très estimée. De prolifiques mines furent découvertes dès la fin du Ve siècle aux alentours de Nichapur. Durant la période tardive Qādjār (Iran, fin XVIIIe-début XXe siècle), les turquoises étaient gravées de dessins naturalistes (oiseaux, fleurs) ou d’écritures traditionnelles religieuses dont les sillons étaient finement dorés à l’or fin. Elles servaient à la confection de bijoux, mais pouvaient également être utilisées comme pièces de monnaie.

La pierre bleu-vert est par ailleurs connue de longue date sur le continent américain. Y ont en effet été mis au jour de nombreux objets de culte précolombiens ornés de turquoises.

Couleurs et utilisations

La turquoise s’utilise sous forme de cabochon ou sculptée.

Les gemmes les plus appréciées sont d’un bleu soutenu et homogène, sans sous-teinte verte.

Les turquoises matrix présentent des veines de sulfure de cuivre ou de roche mère plus ou moins importantes, dont les motifs inspirent les créateurs.

Du fait de sa constitution, la turquoise présente une matière poreuse particulièrement sensible et peut être amenée à verdir par oxydation. Il est parfois possible de rétablir la couleur d’origine quand la dégradation n’a pas pénétré trop profondément.

Formation

La turquoise se forme dans des roches volcaniques riches en pyrite contenant des sulfures de cuivre. Elle est d’ailleurs généralement associée à des gisements de cuivre.

Gisements

Les mines historiques sont celles d’Iran, parmi lesquelles celle, toujours en activité, de Nichapur. On y trouve encore certaines des plus belles turquoises.

Les États de l’ouest des États-Unis recèlent aussi de nombreux gisements. Il en existe également en Chine, en Afghanistan, au Tadjikistan et en Argentine.

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Certification et origine

Les rapports d’analyse des laboratoires de gemmologie ne font pas état de l’origine géographique des turquoises.

Particularités

Cartier accepte la cire incolore uniquement sur la surface dans le cadre d’une pratique lapidaire traditionnelle.

Conseils d’entretien

On évitera l’utilisation de diluants et d’ultrasons, qui risquent de modifier la couleur des pierres. La turquoise est sensible aux matières grasses, qu’elle absorbe, et ne doit pas être en contact avec des cosmétiques, parfums, cuirs et autres matériaux pouvant contenir des matières grasses.

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Cartier et la turquoise

Cartier apprécie la turquoise pour la douceur de sa couleur bleue à bleu-vert si singulière, qui complète la palette de couleurs du joaillier. On la retrouve dès les premières années du XXe siècle dans des créations audacieuses, consacrant d’inédites associations de couleurs. On peut, par exemple, mentionner une broche-pendentif de 1913, composée de plaques de jade rehaussées de cabochons de turquoise et de saphir. Une pièce emblématique du style moderne de Cartier, qui témoigne de l’influence des Ballets russes et de leur esthétique orientalisante. En plus d’animer le dessin, la turquoise apporte ici une touche d’« exotisme ».

Il est d’ailleurs probable que son emploi soit lié à l’intérêt de Louis Cartier pour l’Égypte. Vers 1910, celui-ci encourage les dessinateurs à se familiariser avec la civilisation des pharaons, notamment en visitant le Louvre. Motifs traditionnels, divinités et hiéroglyphes intègrent alors le répertoire de la Maison, tout comme de nouvelles matières, à l’instar de la cornaline, du lapis-lazuli et de la turquoise.

Cartier joue de son pouvoir d’évocation des civilisations étrangères. Aux côtés de créations « égyptianisantes », la turquoise embellit également des pièces d’inspirations asiatique ou orientale, alliée à d’autres pierres ou bien employée seule comme l’illustre un spectaculaire diadème indo-persan de 1936.

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Sous l’impulsion de Jeanne Toussaint, directrice de la création à partir de 1933, Cartier combine corail, émeraude, saphirs de couleur, citrine, turquoise… pour des bijoux joyeusement explosifs de couleurs. La turquoise n’est pas en reste. Jeanne Toussaint à l’intuition de l’associer au violet dense de l’améthyste : cette combinaison inédite s’imposera rapidement comme un classique.

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Dans sa recherche de pierres originales et de caractère, Cartier s’est aussi distingué par l’emploi de turquoises perses gravées. Une paire orne un bracelet de 1938 destiné à l’épouse de Louis Cartier. Plus récemment, en 2016, la Maison a monté des turquoises gravées similaires sur une parure de Haute Joaillerie.

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La turquoise a su trouver sa place dans la création contemporaine. Souvent employée par petites touches pour apporter de la vivacité au dessin, on la retrouve sur une collection de colliers, bracelets et bagues d’inspiration Art déco lancée en 2018, ainsi que sur des ensembles de Haute Joaillerie, à l’instar de la très picturale parure Chromaphonia.

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