Maurice Coüet

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Horloger de talent, Maurice Coüet (1885-1963) créa pour Cartier de fascinantes pendules qui, à l’instar de celles dites « mystérieuses », allient savoir-faire d’exception et poésie.

Maurice Coüet est né en 1885. Issu d’une lignée d’horlogers, il effectue sa formation auprès de son père à Évreux avant de s’installer à Paris, où il ouvre son propre atelier rue Saint-Martin. À partir de 1911, il conçoit pendules et pendulettes exclusivement à destination de Cartier : il intègre d’ailleurs huit ans plus tard l’atelier de la Maison de la rue Lafayette. 

Louis Cartier a su repérer le talent de ce jeune artisan, passionné par les mécanismes de haute précision et les jeux d’illusion, capable de confectionner des chefs-d’œuvre d’horlogerie qui semblent défier les lois de la nature. Dès 1912, Maurice Coüet crée ainsi pour la Maison des pendules dites « mystérieuses » : leurs aiguilles, comme en apesanteur, semblent se mouvoir par magie dans un bloc transparent en cristal de roche.

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Cette première création amorce une collaboration fructueuse de plus de trois décennies. Comptant jusqu’à une trentaine d’artisans au moment de son installation dans les locaux Cartier de la rue Lafayette en 1919, l’atelier de Coüet conçoit pour Cartier de charmants garde-temps miniatures, ainsi que des pendules dites « semi-mystérieuses », trésors de savoir-faire et d’enchantement. Parmi celles-ci : les fameuses pendules magnétiques, prenant généralement la forme d’un bassin rempli d’eau, à la surface duquel flotte une figurine qui indique l’heure signalée sur le rebord, ainsi que les pendules à gravité, dont la boîte descend lentement le long d’une colonne ou entre deux piliers.

Invention tout aussi remarquable : la pendule baptisée du nom très évocateur de « comète ». Un modèle de 1913, conservé par la Collection Cartier, présente en son centre un disque tournant en émail bleu, portant un index en forme de soleil rayonnant et un autre en forme de croissant de lune. Ce disque est dissimulé dans sa moitié inférieure par un demi-cercle qui laisse apparaître en alternance, le long de l’échelle des heures, la course des astres solaire ou lunaire, selon qu’il fasse jour ou nuit. Alliant savoir-faire d’excellence et poésie, ce type de pendule démontre qu’en plus d’être un artisan horloger de génie, Maurice Coüet n’est autre qu'un artiste qui déploie tout un imaginaire au travers de ses créations.

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L’atelier de Coüet réalise aussi des objets qui, sans grande complexité sur le plan technique, n’en sont pas moins d’une rare élégance. On pense ici à ces modèles à entourage de cristal de roche, d’une remarquable finesse, ainsi qu’aux pendules exécutées en pierres dures taillées dans des formes géométriques et rehaussées de pierres précieuses. Ces dernières témoignent du goût partagé par Maurice Coüet et Louis Cartier pour des esthétiques épurées, alliant formes essentielles et proportions équilibrées, emblématiques de la période Art déco.

Le nom de Coüet apparaît de moins en moins régulièrement dans les registres de la Maison au lendemain de la grande crise de 1929. Trop dispendieuses en cette période de récession économique, autant pour leur technique qu’en raison des matières précieuses employées, les pendules mystérieuses se raréfient, l’atelier fournissant surtout des modèles « semi-mystérieux » ou décoratifs. En 1930, Maurice Coüet s’installe chez le joaillier parisien Renault, situé rue Réaumur, avant de réintégrer huit ans plus tard les locaux de Cartier[1].

[1] Hans Nadelhoffer, Cartier by Hans Nadelhoffer, Éditions du Regard, 1984.