Bhupindra Singh, maharajah de Patiala

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Souverain du grand État indien de Patiala, Bhupindra Singh (1891-1938) commanda à Cartier de somptueuses parures d’apparat, parmi les plus extraordinaires dans l’histoire de la joaillerie.

Né en 1891, Bhupindra Singh monte prématurément sur le trône de Patiala à l’âge de 9 ans. D’abord confié à un conseil de régence, le pouvoir lui échoit à sa majorité. Le tout jeune maharajah se montre loyal envers l’Empire britannique. Alors que le premier conflit mondial éclate en 1914, il participe aux efforts de guerre et soutient les Alliés par l’envoi de matériel militaire et de troupes, dont il prend lui-même la tête sur le front. Sa contribution lui vaudra la reconnaissance de ses pairs. Respecté aussi bien par les Occidentaux que par ses compatriotes, Bhupindra Singh est honoré de nombreux titres et fonctions : il est notamment nommé représentant de l’Inde à la Ligue des Nations en 1925.

Le maharajah de Patiala incarne le type même du prince indien qui, voyageant régulièrement en Europe et curieux de la modernité, adopte pleinement les modes de vie occidentaux. Joueur accompli de cricket depuis ses études au très britannique Aitchison College de Lahore, au sein de l’actuel Pakistan, il collectionne les voitures et serait même le premier à posséder un avion dans son pays.

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Sa fascination pour tout ce qui touche à la nouveauté se retrouve également en joaillerie et en horlogerie. Grand client de Cartier, Bhupindra Singh arbore à son poignet une montre Tank, à peine commercialisée par la Maison, et s’intéresse aux bijoux modernes. En témoigne notamment une très graphique broche en diamant et onyx de 1928. Les registres de la Maison conservent également la trace d’achats de multiples objets décoratifs et de pendules, à l’instar d’un modèle d’inspiration égyptienne de 1927. Autant de pièces aujourd’hui conservées par la Collection Cartier.

Surtout, la passion du maharajah de Patiala pour la joaillerie se concrétise par des commandes d’exception. Dans les années 1920, il dépose auprès de Cartier Paris plusieurs milliers de gemmes, issues de sa propre collection, et à partir desquelles il commande un riche ensemble de bijoux. En pièce maîtresse : un somptueux collier de cérémonie, achevé en 1928. Dessinée en une cascade s’achevant sur le légendaire diamant jaune De Beers, la pièce allie tradition et modernité : si le cordon d’attache dans le dos est directement emprunté à la joaillerie indienne, la monture est intégralement exécutée en platine et le dessin témoigne, par ses motifs géométriques, des tendances Art déco alors en vogue en Occident.

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Une célèbre photographie du successeur de Bhupindra Singh, Yadavindra Singh, l’illustre portant ce majestueux collier d’apparat.

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Quelques années plus tard, en 1931, le maharajah de Patiala approche Cartier pour une autre commande prestigieuse à destination d’une de ses épouses, la maharani Sri Bakhtawar Kaur Sahiba (1892-1960). Composé d’un tour de cou rubis, perles fines et diamants, d’un collier central de cinq rangs de rubis et de perles alternés et d’un grand collier plastron, l’ensemble allie caractère spectaculaire et élégance. Une parure d’exception, demeurée depuis dans les annales de la joaillerie.