
La princesse Mathilde Bonaparte (1820-1904), nièce de Napoléon Ier et cousine de Napoléon III, est l’une des grandes figures mondaines françaises de la seconde moitié du XIXe siècle. Cliente de Cartier dès 1856, ses nombreuses acquisitions placent la Maison parmi les joailliers les plus en vue de l’époque.
De princesse toscane à reine de Paris
Fille de Jérôme Bonaparte, frère de l’empereur Napoléon Ier, et de Catherine de Wurtemberg, Mathilde-Létizia Wilhelmine Bonaparte grandit en Italie où ses parents se sont réfugiés en exil après la chute de l’Empire.
En 1835, à 15 ans, Mathilde est promise à son cousin Louis-Napoléon Bonaparte. Leur union apparaît comme une promesse de consolidation pour la dynastie, pourtant les fiançailles demeurent sans suite. La jeune princesse épouse finalement cinq ans plus tard le comte russe Anatole Demidoff, élevé au titre de prince de San Donato par le grand-duc Léopold II de Toscane. Le mariage n’est pas heureux et s’achève par une séparation, actée en 1847 par le tsar Nicolas Ier.
La princesse Mathilde s’installe alors à Paris pour accompagner son cousin – et ancien prétendant –, Louis-Napoléon, dans son ascension politique. Élu président de la République en 1848, il proclame le Second Empire quatre ans plus tard et adopte le titre de Napoléon III. Ce dernier reste célibataire jusqu’en 1853. En l’absence d’épouse officielle, Mathilde joue le rôle de maîtresse de maison des résidences d’État et patronne les arts. Elle est sans conteste l’une des personnalités les plus influentes de l’époque en matière de bon goût.

Figure mondaine incontournable, la princesse tient le salon le plus couru de la capitale, où dissertent intellectuels, politiques et artistes dans une ambiance éclectique. Les écrivains y occupent une place de choix. On y croise notamment Théophile Gautier, Gustave Flaubert, les frères Goncourt et Marcel Proust. Plusieurs personnages de l’œuvre emblématique de ce dernier, À la recherche du temps perdu, ont d’ailleurs été inspirés par des proches de la princesse Mathilde.
Une cliente influente
La princesse Mathilde est l’une des premières grandes clientes de Cartier. Elle y fait un premier achat en 1856. Plus de deux cents suivront, qu’ils soient réalisés à titre personnel ou destinés à être offerts.
La plupart des pièces acquises témoignent d’un goût classique, inspiré par les grandes civilisations antiques. On y compte ainsi quatre camées à tête de Méduse, deux bracelets à méandres, une broche scarabée en turquoise ou encore des pendants d’oreilles d’inspiration égyptienne.

Cliente fidèle de la Maison, la princesse Mathilde l’intronise dans les hautes sphères parisiennes, à commencer par la première d’entre-elles : la cour. C’est en effet probablement sous son influence que l’impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III depuis 1853, acquiert en 1859 un service à thé en argent auprès de Cartier.
Désormais fournisseur de la maison impériale, Cartier quitte la même année le quartier du Palais-Royal pour emménager dans une boutique plus vaste, boulevard des Italiens, où se rend alors le Tout-Paris.
